PARIS (MPE-Média) – Dans une lettre adressé hier au PDG du groupe minier sud-africain Lonmin, le PDG de Xstrata M. Mick Davis affirme le soutien de sa firme au projet de recapitalisation de la compagnie touchée cet été par de dramatiques évènements sociaux dans sa mine de Marikana (Afrique du sud), tout en proposant des conditions nouvelles pour sa gouvernance, sans rendre public le fait qu’il conditionnait l’aide de Xstrata à une prise de contrôle de fait de Lonmin.

Usine et mines du groupe Lonmin en Afrique du Sud (Ph SD Lonmin Group)

Le 23 octobre dernier, le groupe minier Lonmin a rappelé qu’il était normal qu’il ait dû faire appel au gouvernement pour assurer le maintien de l’ordre en août dernier, à cause des évènements en cours dans le bassin minier de Marikana.

Peu après l’annonce de ses résultats au début novembre, le groupe Lonmin lançait un appel à ses actionnaires pour lever 817 millions de dollars, après avoir fait état d’une baisse de 18,5% de ses ressources, et dressé le bilan des pertes en production liées aux grèves de l’été 2012, évaluées à – 11% (1,8 Mt de minerai) et à - 5,5% pour le platine (680.000 onces produites).

Lettre du PDG de Xstrata à Lonmin

Le 13 novembre, le groupe Lonmin faisait état d’une lettre reçue la semaine précédente du groupe Xstrata se disant « prêt à soutenir la levée de fonds de Lonmin mais à condition que le Conseil d’administration s’engage publiquement à céder le contrôle du management à Xstrata ». Proposition rejetée par Lonmin, expliquant aux autres actionnaires en retour les raisons de leur choix en vue de l’assemblée générale annuelle prévue le 19 novembre prochain : « du succès de cet appel à lever au moins 700 millions de dollars dépend le succès de la démarche. Le rejet de cette émission de droits nouveaux canibaliserait la valeur de l’ensemble des actions au détriment de tous les porteurs de parts », précise le groupe depuis Londres.

Mais le message ne semble pas être passé entièrement à Zug (Suisse), au siège de Xstrata : « En tant que porteur significatif de parts sociales du groupe Lonmin, nous sommes concernés par la destruction de valeur de nos participations. Nous avons cherché à répondre durant deux ans aux challenges stratégiques et opérationnels auxquels Lonmin fait face. Etant donnée sa position difficile sur le plan financier, nous convenons qu’une recapitalisation substantielle du groupe est nécessaire. Celle-ci doit être accompagnée par l’installation d’une équipe de management ad hoc et par un nouveau business plan », estime le PDG de Xstrata à quelques semaines de la fusion de son propre groupe avec le groupe Glencore.

L'impact des évènements d'août 2012 sur la production minière de platine de Lonmin (Source Lonmin)

Notant que Xstrata aurait pu s’opposer à la décision lors de la prochaine assemblée générale des actionnaires de Lonmin, au risque d’empêcher le bon déroulement de la procédure, M. Davis argumente son choix : « nous souhaitons que Lonmin puisse entamer sa relance pour sortir des difficultés dès que possible et ne voulons pas ajouter de l’incertitude à ces problèmes et prendre ainsi le risque d’amplifier encore la dégradation de sa performance opérationnelle, en prenant le risque que les conditions de marché ou d’autres facteurs empêchent le succès de l’opération capitalistique recherchée. Mais nous avons un devoir de résultat vis-à-vis de nos propres actionnaires, ce qui nous amène à demander des changements de personnes au sein du Conseil de Lonmin, pour renforcer l’équipe de direction du groupe et revoir le modèle économique de façon à ce qu’une stratégie réaliste permette de restaurer et développer de la valeur », a précisé le PDG de Xstrata.

Le message est clair : soit Lonmin accède aux vœux de Xstrata et Xstrata soutiendra les décisions de son exécutif, soit cet actionnaire important du producteur de platine et d’autres ressources imposera le 19 novembre la tenue d’une nouvelle réunion des actionnaires pour imposer ces choix. M. Mick Davis tient à faire preuve de poigne avant de prendre pour six mois la direction exécutive du groupe Glencore, lors de la fusion de Xstrata avec ce géant du négoce des matières premières.

Christophe Journet

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www.lonmin.com