VALENCIA (MPE-Média) – La session « Papier-carton » du Bureau International du Recyclage intitulée « d’un état stable à la complexité des changements » débutait ce mardi 27 mai par une intervention de Brian Henesey à propos des conditions du commerce global, marqué par des restrictions d’exportations. Le BIR a aussi réélu sa présidente Susie Burrage ce mardi. Détails.

Brian Henesey (BIR/REMA) posant de vraies questions de marché (Ph CJ)

 

Brian Henesey, Président du comité des conventions du BIR, Vice Président de Rocky Mountain Recycling Inc. (USA), insiste sur l’impact négatif des nationalismes, des politiques identitaires, du « techno-nationalisme » sur les échanges commerciaux globaux qu’il s’agisse du papier recyclé ou d’autres matières.

Pour l’ancien président de l’association américaine des matières recyclées, les nouvelles alliances (OTAN, UE, ASEAN, G20) confrontées aux « nouveaux blocs » tels que les BRICS, Chine-Russie-Iran couplées à l’impact des guerres en cours provoquent une rivalité économique, une instabilité sans précédent, après une année 2024 difficile pour tous ou presque.

« Quelles sont nos principales craintes ? La première, ce sont les restrictions à l’exportation ; la seconde, ce sont de nouveaux tarifs douaniers ; la troisième, ce sont les divergences règlementaires qui augmentent et la confusion qui les accompagnent », explique Brian Henesey, qui voit la promotion du caractère essentiel des matières recyclables comme étant essentielle dans ce contexte.

 

« Qualité, qualité, encore la qualité »

 

Le Président de la Division papier du BIR Francisco Donoso, DOLAF Servicios Verdes S.L. (ESP) appelait ensuite à intervenir Tobias Umpfenbach, directeur du groupe ALBA (5 400 employés, plusieurs filiales spécialisées dans le recyclage et le commerce du papier recyclé : « durant les dix dernières années, une très forte volatilité des prix a marqué nos activités et le développement des exportations. À l’échelle européenne, d’importantes différences ont vu le jour notamment entre l’Allemagne et les autres pays. »

 

Tobias Umpfenbach (Groupe ALBA) au pupitre (Ph CJ)

 

Les papiers d’emballage ont vu leur consommation augmenter nettement en dix ans, suivis par les papiers graphiques (en baisse), les papiers hygiéniques (stables) et les autres sortes de papier (stables). « Les sociétés sont devenues à la fois partenaires et compétiteurs sur ces marchés », explique Tobias Umpfenbach, soucieux du maintien de « la qualité, la qualité, encore la qualité, tant des procédés, que des matières et des services ».

 

Ranjit Singh Baxi, ancien Pdt du BIR (Ph CJ)

 

Intervenant dans la foulée à propos du paysage de marché actuel qu’il voit marqué par « un découplage entre l’Est et l’Ouest, des pressions plus fortes issues des coûts et des règlementations », l’ex Pdt du BIR Ranjit Singh Baxi pense que c’est justement ça qui nécessite plus d’échanges entre professionnels exportateurs pour faire bouger les lignes.

« Les consommateurs demandent des produits plus durables. Or l’escalade des prix des matières vierges, de l’énergie, de la logistique réduit les marges des recycleurs », explique-t-il, notant la forte concurrence des producteurs coréens, qui fausse le jeu.

Evoquant le marché indien, Ranjit Baxi parle de 4,81Mt d’importation de fibres provenant surtout des USA et de quelques pays d’Europe. Les 861 usines de papier indiennes répondent à une croissance de la demande en forte hausse tirée par le secteur éducatif, tandis que seulement 30% de cette demande en fibre recyclée (14Mt/an) trouve sa réponse dans l’industrie domestique. En 2024, l’Inde est redevenue importatrice nette de papier.

 

L’impact d’un dollar faible sur ces marchés

Récemment, les traders du secteur se sont inquiétés de l’écart croissant entre le dollar et l’euro jusqu’à 1,12$/€ en mai. Et déplorent la hausse des coûts additionnels pour le fret maritime, comparée à ce que font les compagnies aériennes low cost qui ajoutent sans cesse des choses à payer (bagage en soute, autre siège, etc.).

 

Julia Ettinger, SG de EuRIC (Ph CJ)

 

Après une présentation très détaillée des marchés européens du papier-carton recyclé, une intervention de Julia Ettinger (Secrétaire générale d’EuRIC) portait sur l’épineuse question des règlementations sur les exportations de déchets en cours de révision à Bruxelles en 2024, neuf ans après un premier plan d’action sur l’économie circulaire acté en 2015, ce « waste shipments regulation » (WSR) étant à présent voté depuis avril dernier. Le problème étant que nombre de pays vont être exclu de cette nouvelle organisation douanière. La Confédération européenne des industriels du recyclage (EuRIC) procède à une enquête sur la compétitivité des industries de ses membres et demande la reconnaissance du papier recyclé comme « produit ».

La Division Papier-Carton du BIR proposait aussi une présentation détaillée du marché du papier recyclé en Italie par un cadre de la fédération nationale du secteur (UNIRIMA). Lequel déplorait aussi le poids de nouvelles règles bureaucratiques éloignées des besoins du marché et « qui percutent l’exercice des recycleurs ».

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

Voir aussi via https://www.bir.org/en/

 

___________________

 

Recyclage/BIR : Métaux non ferreux devenus « stratégiques »

 

VALENCIA (MPE-Média) – La Division des métaux non ferreux du BIR présidée par Paul Coyte (Hayes Metals) accueillait ce mardi plusieurs intervenants dont l’ambassadeur du BIR pour ces métaux Marc Natan, le Professeur Philippe Chalmin (fondateur de CyclOpe), Rick Dobkin (Shapiro Metals). Détails.

 

Marc Natan, « légende des métaux non ferreux » (à gauche, avec son trophée – ph CJ)

 

Marc Natan (MANCO) a eu droit à une standing ovation pour ses plusieurs décennies de présence et de travail au sein du BIR non ferreux, en tant que « légende des non ferreux », durant 51 ans. Né en 1950 en Algérie, Marc Natan a résumé une carrière entamée en 1974 a cité plusieurs des professionnels qui ont marqué son « destin » entre producteurs et consommateurs de métaux non ferreux et dirigeants successifs du BIR. « Nos produits recyclés sont sous pression, considérés comme des matières stratégiques. Prenez votre pleine place, innovez, avec force, conviction et respect ! » a déclaré Marc Natan à l’assemblée.

 

Les responsables de la Division et les proches de Marc Natan (Ph CJ)

 

Adam Shaffer (VP REMA, USA) a ensuite présenté l’état du marché des métaux non ferreux aux USA, incluant les inoxydables et alliages. Il a évoqué l’instauration des « tarifs » sur les importations venant du Canada, du Mexique, de la Chine, le retour de ceux sur l’acier et l’aluminium touchant l’Europe (section 232), une investigation en cours à propos des importations de cuivre, une autre concernant la façon dont sont contrôlées les exportations de métaux, dont celles de cuivre dépassant largement les autres matières en volume et en valeur.

 

« Donald et les métaux stratégiques »

Parlant des tensions géopolitiques en cours et de leur impact sur les marchés des métaux non ferreux, le président de CyclOpe Philippe Chalmin a évoqué « Donald et les métaux stratégiques, dont vous savez qu’il adore les métaux et qu’il a obtenu un agrément minier avec l’Ukraine pour ses terres rares ».

Les taxes sur l’aluminium, de nouveaux projets miniers aux États-Unis, des « vues sur les ressources du Groënland, le deal avec la Chine mais pour 90 jours seulement, « les métaux sont le sujet chaud du moment, tant pour la transition énergétique que pour la défense, qu’ils soient rares ou stratégiques, ils ne sont plus considérés comme mineurs », ajoute Philippe Chalmin citant lithium, cobalt, graphite, antimoine, terres rares, étain et par-dessous tout, le cuivre, « le métal stratégique du XXIème siècle ».

 

« Quand vous observez l’ensemble de ces marchés vous pouvez voir que l’antimoine, le germanium et le bismuth, sont en hausse et que la tonne de carbonate de lithium est en baisse. L’or est proche des 3 500$/l’once, ce qui est plutôt synonyme de malheur que de bonheur annoncé », conclut le Professeur Chalmin.

« Mais si je devais me couvrir sur le risque, je le ferais plutôt au LME à Londres qu’à New-York », a précisé Philippe Chalmin en discussion avec les autres intervenants de la session. « Personne ne sait si le cuivre va dépasser les 20 000$/tonne, mais une chose est sûre c’est que durant une crise nous avons intérêt à être très prudent dans la gestion de nos compagnies. Le marché change si vite que nous devons rester très prudent. Les jeunes traders doivent aussi écouter leurs anciens, leurs clients, une question d’expérience », abonde et conclut Marc Natan.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

Voir aussi via https://www.bir.org/en/

 

Recyclage/BIR : L’AG du Bureau réélit Susie Burrage

 

VALENCIA (MPE-Média) – L’assemblée générale du Bureau International du Recyclage s’est tenue ce mardi 27 mai au cœur de la Convention de printemps de l’organisation représentative des recycleurs de plus d’une soixantaine de pays, réunissant en Espagne plus de 2 000 participants. Sa présidente Susie Burrage a été réélue pour deux ans.

 

Susie Burrage, réélue présidente pour deux ans (Ph CJ)

 

Après un premier mandat de deux ans entamé en 2023, la présidente du BIR Susie Burrage a ouvert l’assemblée générale annuelle du Bureau que dirige le français Arnaud Brunet en présentant les responsables des différentes divisions et comités qui composent l’organisation qui accueille 171 nouveaux membres cette année.

En 2024, le BIR a intégré de nouveaux responsables de son activité juridique auprès d’Alev Somer, organisé une première conférence globale à propos des textiles en fin de vie, structuré l’action de la Division des plastiques, développé les activités des jeunes traders, choisi de développer les conventions de printemps et d’automne en les ouvrant dans des lieux d’accueil ad hoc ; augmenté ses liens sur LinkedIn où près de 17 000 internautes suivent ses messages, lancé une nouvelle étude globale sur les bénéfices environnementaux du recyclage.

 

« Un moment de changement positif »

« C’est un moment de changement positif », stresse Susie Burrage, donnant la parole au Directeur du BIR Arnaud Brunet. Le trésorier du BIR Dhawal Shah (Inde) a présenté un bilan annuel faisant état de 3,2M€ de recettes, 2M€ de dépenses et un résultat de 1,2M€ pour l’année passée. Puis le budget prévisionnel pour 2025 avec 3,3M€ de recettes attendues, 3M€ de dépenses prévues et un résultat prévisionnel de 287 000€.

Président du comité des nominations du BIR, l’ex-Pdt du BIR Tom Bird a ensuite procédé au vote de la réélection pour deux ans de Susie Burrage à sa présidence et de Dhawal Shah au rôle de trésorier de l’organisation basée à Bruxelles.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

Voir aussi via https://www.bir.org/en/

 

À suivre dans notre prochaine et 86^ème Lettre MPE-MEDIA à la fin juin 2025