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PARIS/LYON (MPE-Média) – « L’information est capitale pour réussir la transition énergétique », a déclaré un intervenant durant la table ronde organisée à Lyon par Pollutec en ligne ce 3 décembre et suivie par plus de 600 internautes, à propos de la décarbonation de l’industrie française. Dont acte!
GD et de haut en bas : Alexandre Schabel, Bruno Henriet, Philippe Darmayan, Benoît Calatayud, Sylvie Padilla et Emmanuel Normant (Capture d’écran SD/MPE-Média)
Au cours de cette table ronde, les intervenants devaient décrypter le sujet de l’industrie décarbonée : Quel est le contexte actuel, quels sont les enjeux et les tendances à venir ? Devaient être présentées par Benoit Calatayud, Responsable Transition Energétique chez BPI France, Philippe Darmayan, Président d’ArcelorMittal France et Président de l’UIMM, Emmanuel Normant, Directeur du développement durable chez Saint-Gobain, Bruno Henriet, Directeur Technique et Chef d’Etablissement chez UGITECH et Sylvie Padilla, responsable du service Industrie de l’ADEME, ainsi que par l’animateur de la session Alexandre Schabel, Directeur chez « Le Créateur de Liens », des actions concrètes mises en œuvre au sein des entreprises témoins ainsi que les aides, notamment du Plan de relance, mobilisables pour accompagner les industriels dans leur démarche de décarbonation.
« Mettre en œuvre l’économie circulaire du CO2 »
Pour Philippe Darmayan, ancien président de l’Industrie du Futur pour la France, l’important est surtout de bien considérer ce vers quoi doivent aller nos industries au-delà de leur état présent. Bruno Henriet (UGITECH, producteur d’acier inoxydable en Savoie) se dit à la recherche d’une nouvelle dynamique pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2030. M. Darmayan estime à propos de l’acier qu’il faut chercher à mettre en œuvre « l’économie circulaire du CO2, même sans utiliser forcément l’hydrogène, pour être au rendez-vous de 2050 », chiffrant à près de 8 Mrds d’euros l’effort d’investissement nécessaire pour produire de l’acier zéro carbone.
Philippe Darmayan, Pdt d’ArcelorMittalFrance et de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (Capture d’écran SD)
Le Pdt de l’UIMM pense que nous sommes passés d’une question sur le pourquoi faire ça à une question sur le comment faire ça, qui amène les uns et les autres à chercher à mieux comprendre comment on fonctionne, comment on consomme, pour trouver des consensus, par exemple pour les véhicules hybrides, électriques, qui entraînent d’autres dépendances. Tout cela réouvre le débat sur le nucléaire comme une solution pour le carbone. M. Darmayan ajoute que « la communication est essentielle aujourd’hui à ce sujet. »
Benoit Calatayud, Responsable de la Transition Energétique chez BPI France rappelle que la métallurgie, la chimie, les cimentiers émettent beaucoup de CO2 comparé aux PMI-PME qui composent l’industrie en France : « Nous sommes au milieu du gué, il reste encore beaucoup d’efforts à fournir pour réduire ces émissions. BPI France a choisi d’accompagner les entreprises, de financer les green techs qui peuvent contribuer à cette décarbonation, qui s’inscrit dans toute la chaîne de valeurs de l’industrie, de l’énergie à la chaleur utilisée, à électrifier, à l’efficacité énergétique, à la captation du CO2 qui présente un potentiel important.
« Le nucléaire nous donne un avantage sur l’Allemagne »
Sylvie Padilla, responsable industrie de l’ADEME (Capture d’écran SD)
Pour Sylvie Padilla (Agence de la transition énergétique), la feuille de route soutenue par l’Ademe semble toute traçée, mais suppose seulement que les entreprises industrielles changent de braquet, revoient leurs façons d’opérer et investissent fortement dans la R&D : « La décarbonation des sites industriels n’est pas seulement une question technique, mais aussi une question de compétitivité à l’international », ajoute-t-elle. Le fonds de décarbonation de l’industrie que pilote l’agence de la transition énergétique a été créé pour cela dans le cadre du plan France Relance durant l’année 2020, rappelle Sylvie Padilla qui conclut qu’il est temps de « passer à l’action, avec des accords public-privé ».
Réagissant à la comparaison d’un internaute avec l’Allemagne, Bruno Henriet (UGITECH) note qu’il faut travailler différentes options, pas forcément chercher à imiter, plutôt partir de nos propres avantages compétitifs en investissant en R&D pour faire des choix techniques cohérents d’ici à 2030. Un autre intervenant ajoute que « le nucléaire nous donne un avantage sur l’Allemagne en termes de réduction des émissions » et que « le plan Hydrogène peut aussi donner à la France un profil énergétique moins carbonné ». Encore faut-il régler vite des questions concrètes comme la pose de bornes de recharge dans les entreprises. L’exemple de la mise en place d’une unité de récupération de chaleur fatale dans l’usine UGITECH au bénéfice de la collectivité locale savoyarde, filmé pour Pollutec en ligne, l’illustre bien. « Il faut avancer, ouvrir notre regard, faire tout ça pour nos salariés, nos riverains, nos équipes en interne » ajoute M. Henriet.
Concernant le prix du CO2, Benoît Calatayud pense que le sujet doit être traité au niveau européen, pas seulement chez nous : « Depuis 2013, BPI France accompagne la décarbonation. Le plan climat de l’été 2020 a apporté de nouveaux candidats à des financements. L’enjeu est bien d’accompagner toutes les entreprises dans ce sens. Et d’agir pour informer les dirigeants sur la lutte contre le réchauffement climatique, un enjeu fondamental ».
"La France est à l'heure"
« Oui, il faut une trajectoire carbone, oui, il faut qu’elle soit expliquée par le gouvernement si on ne veut pas avoir un nouvel effet gilets jaunes, dire pourquoi le prix des produits va augmenter », renchérit Philippe Darmayan, qui parle d’une situation paradoxale entraînée par la question de la décarbonation en pleine crise sanitaire et économique à suivre. L’UIMM a reçu de nombreux dossiers de soutien dans le cadre de France Relance, « mais le sujet reste compliqué et a besoin de simplification au guichet, nous disent nos adhérents (…) mais la France est à l’heure, les allemands ne vont pas plus vite que nous ».
Emmanuel Normant, Directeur du développement durable chez Saint Gobain parle quant à lui de la nécessité de repenser notre économie et pas seulement nos industries, par exemple en développant le recyclage du calcin pour produire de l’étanchéité, en travaillant aussi sur la nature de la demande et les choix offerts aux clients entre produits plus chers parce que plus écologiques et produits moins chers mais plus carbonnés, ce qui suppose pour chacun de connaître sa propre empreinte carbone : « Une des raisons de ce changement et du fait qu’il concerne tout le monde est une question de ressources humaines, d’un regard posé sur l’entreprise et son engagement vraiment écologique. Un patron qui rentre chez lui est interpellé par ses enfants, par son entourage, c’est un facteur très important (…) dans un effort collectif ».
Christophe JOURNET`
Rédacteur en chef de MPE-Média
Voir aussi via https://www.pollutec.com/fr-fr.html
https://france.arcelormittal.com
https://www.ugitech.com/fr/home
https://www.saint-gobain.com/fr
