PARIS (MPE-Média) - Annoncée par l’intéressé ce 28 août en direct pendant la matinale de France-Inter, la démission du Ministre de l’Ecologie Nicolas Hulot a suscité des réactions très diverses. Une sortie réussie en quelque sorte. Détails sur ces réactions et bio du ministre sortant.
Nicolas Hulot au Conseil économique, social et environnemental en juin dernier (Ph MPE-Média)
Les réactions de ce mardi 28 août à l’annonce de sa démission faite par Nicolas Hulot en direct sur France-Inter, de façon non préméditée aux dires de Nicolas Demorand, en charge de l’émission, allaient jusqu’à l’annonce en milieu de journée par Edouard Philippe d’une « recomposition » à venir du gouvernement et non d’un simple remplacement de M. Hulot. L'annonce de son départ a largement occupé l'espace média au détriment d'autres informations du jour internationales ou françaises comme l'ouverture de l'Université d'été du MEDEF par son nouveau président Geoffroy Roux de Bézieux en présence du premier ministre Edouard Philippe qui a lui aussi choisi de parler de ce fait imprévu la veille.
Parmi celles qui nous semblent les mieux sourcées compte tenu du ministère quitté par M. Hulot, voici les réactions qui suivent :
Emmanuel Macron, Président de la République, parlant à la presse depuis Copenhague : « C'est le choix d'un homme. C'est là-dessus que je veux revenir. C'est une décision personnelle qu'il a prise ce matin. Je l'avais choisi parce que c'est un homme libre. Je respecte sa liberté. Je souhaite pouvoir compter sur son engagement d'homme libre et convaincu, sous une autre forme, là où il décidera d'être ».
Pour Philippe Boucly, Président de l'AFHYPAC et ancien dirigeant de GRT GAZ, l'association française pour l'hydrogène et les piles à combustible, "grâce à Nicolas Hulot, l'hydrogène est reconnu comme un atout majeur pour le succès de la transition énergétique". M. Boucly ajoute qu'il "a mis la France sur le chemin d'une nouvelle énergie verte, l'hydrogène, c'est un acte majeur". Le Président de l'AFHYPAC fait référence à la signature du plan national pour l'hydrogène présenté par M. Hulot le 1er juin dernier, qui concerne tous les territoires et tous les secteurs de l'économie et devrait être doté d'un Fonds de 100 millions d'euros dès 2019.
Points de vue d'ex ministres de l'écologie
Roselyne Bachelot, ancienne Ministre de l’Écologie et de la Santé devenue animatrice radio-TV : « Je comprends presque la déroute de Nicolas Hulot, qui a quitté le pays des Bisounours pour entrer dans la cage aux lions. Je sentais chez ce garçon une fragilité psychologique et un malaise, un mal-être dans sa fonction. Il ne paraissait pas avoir les nerfs pour être ministre. On sentait chez lui cette inappétence pour la fonction qu'il exerçait, il semblait tellement triste ».
L’ex Ministre de l’Écologie Corinne Lepage, via twitter : « @N_Hulot quitte le gouvernement. Bravo et enfin. Il aura fallu la goutte d’eau des chasseurs pour faire déborder un vase plein depuis des mois qui marque la regression que j’avais soulignée à plusieurs reprises de l’environnement en France ».
Stéphanie Gay-Torrente, Directrice du salon Pollutec de Lyon Eurexpo : « La démission de Nicolas Hulot montre une fois de plus la difficulté à centrer les sujets liés à l’environnement au cœur d’une transition nécessaire et inéluctable. Plus que jamais, il est urgent de voir se développer chez les politiques comme au sein des entreprises et chez les citoyens, une volonté forte de faire avancer ces problématiques et de répondre ensemble aux enjeux cruciaux qui s’imposent à nous.
Jean-Baptiste Lebrun, directeur du CLER - Réseau pour la transition énergétique : « Cette annonce doit provoquer un sursaut en faveur de la transition. La décision de Nicolas Hulot démontre le manque de résultats, de cohérence et d'écoute de la part du gouvernement. Nous devons d'urgence rebondir et engager véritablement la transition énergétique, en se donnant les moyens financiers et réglementaires pour rénover les passoires énergétiques, libérer les énergies renouvelables, favoriser les dynamiques locales et diminuer la part des énergies fossiles et du nucléaire. Les solutions sont là pour créer des milliers d’emplois et réduire la précarité énergétique. De nombreux acteurs de terrain - collectivités, entreprises, associations - montrent déjà la voie, il est grand temps de les écouter. »
Les députés les plus proches
Caroline Vigoureux, notre consoeur de l’Opinion : « Avec la démission de Nicolas Hulot, nombre de députés de la majorité se retrouvent orphelins. Ils avaient jusqu’alors fait plusieurs concessions, se raccrochant à la présence rassurante du ministre au gouvernement ». Mme Vigoureux cite notamment Matthieu Orphelin, Député LREM du Maine-et-Loire.
L'écho de Bruxelles évoque "une nouvelle épine pour Macron". Sollicité par nos soins, le Président de la Fédération des entreprises du recyclage Jean-Philippe Carpentier a préféré ne pas répondre à chaud, se réservant la possibilité de le faire par la suite.
La dernière annonce publique faite en ligne et à Paris par Nicolas Hulot remonte au 23 août, lors de l’annonce des 14 lauréats d’un appel d’offres pour des projets de « petite hydroélectricité ». Le Ministre soulignait que « cet appel d’offre est la preuve que l’hydroélectricité peut concilier compétitivité économique et respect de l’environnement. Il conforte la première place de la filière de l'hydroélectricité comme source de production d’électricité renouvelable ».
Nicolas Hulot laissera un bilan déterminant pour la progression du recyclage des plastiques, objectif 100% en 2025, qu’il soit atteignable ou non, pour le développement des énergies renouvelables, même avec des doutes sur le caractère décarbonné de leur cycle de vie, mais n’a pas répondu aux attentes des militants écologistes les plus dogmatiques sur la sortie du nucléaire. L’avenir dira ou non s’il a privé l’hexagone d’une plate-forme aéroportuaire transatlantique susceptible de préserver des parts de marché à son pays face à l’expansion d’Amsterdam Schipol voire de Madrid ou d’autres aéroports européens comme Rome ou Zurich.
Christophe Journet
Rédacteur en chef de MPE-Média
Biographie officielle de Nicolas Hulot
Nicolas Hulot est né le 30 avril 1955 à Lille. Il est donc âgé de 63 ans NDLR. Il a été successivement journaliste-reporter, animateur-producteur de télévision et écrivain. À partir de 1987, Nicolas Hulot a présenté l'émission télévisée Ushuaïa, le magazine de l'extrême, sensibilisant les téléspectateurs français à la sauvegarde de la nature.
Désireux de mettre sa notoriété au service de la protection de la planète, il crée, en 1990, la fondation Ushuaïa devenue ensuite la fondation Nicolas Hulot pour la Nature et l'Homme peu après son entrée en 2017 à l’Hôtel de Roquelaure NDLR. Reconnue d'utilité publique en 1996, l'ONG se fixe alors un double objectif : informer le public de l'état écologique de la planète et convaincre le plus grand nombre de la nécessité de changer ses comportements.
En 2005, Nicolas Hulot invite députés et sénateurs à un vote unanime en faveur de la Charte de l'environnement. Avec le Défi pour la Terre, lancé en mai 2005 par sa fondation, il fédère plus de 850 000 personnes qui s'engagent à agir quotidiennement pour la planète.
Fin 2006, Nicolas Hulot propose un Pacte écologique aux candidats à l'élection présidentielle afin de les inciter à placer les enjeux écologiques et climatiques au cœur de l'action publique. Fort de cette mobilisation citoyenne, il contribue, dès septembre 2007, avec les experts de sa fondation, à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement.
Mû par la volonté de montrer que l'écologie doit constituer le cœur de l'action publique et privée, Nicolas Hulot crée, avec sa fondation, un laboratoire d'idées innovantes et un laboratoire d'actions pour la transition écologique de nos sociétés. En décembre 2012, en tant que président de sa fondation et à titre bénévole, il est nommé envoyé spécial du président de la République pour la protection de la planète. Le 17 mai 2017, Nicolas Hulot est nommé ministre d'État, ministre de la Transition écologique et solidaire dans le gouvernement d’Édouard Philippe - rôle dont il déclare vouloir démissionner le mardi 28 août 2018 au matin en direct sur France-Inter NDLR.
(Source Ministère de l'écologie)
Mis à jour (Mercredi, 05 Septembre 2018 15:53)