PARIS (MPE-Média) – La CGT des sidérurgistes d’ArcelorMittal Florange prépare une série d’actions pour réclamer la réouverture de la phase à chaud fermée de façon temporaire en octobre dernier, fermeture qui vient d'être prolongée jusqu'en juin: «Nous avons tout, la qualité, le savoir-faire, la demande est là, le 22 mars, nous organiserons une manifestation nationale à Florange, depuis le site jusqu’à la mairie de Florange», annoncent les délégués. La CFDT n'est pas en reste, qui parle de bloquer les bureaux de la direction dès lundi prochain.

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Eric Besson et les syndicalistes de Florange, le 12 janvier dernier (Ph CJ-MPE-Média)

Ce qui inquiète et fâche les salariés, outre le nouveau report de la fermeture de mars à juin, c’est aussi d’avoir appris que le nombre de clients qui se disent mécontents des délais de livraison et du service rendu va croissant depuis la mise en œuvre d’une « plus grande flexibilité par le groupe. Nous savons par nos experts que le groupe ArcelorMittal, de par sa politique des prix et la réduction drastique de son offre, a perdu des parts de marché importantes, qui seraient de l’ordre de 2 millions de tonnes, soit l’équivalent de la production des hauts fourneaux de Florange», renchérit l’un d’eux.

D'où la décision cédétiste de bloquer dès lundi l'accès aux bureaux de leur direction, tout en prenant le temps d'une réflexion approfondie avant une prochaine réunion du Comité central d'entreprise d'AMAL.

«Dès lors, il ne s’agit pas d’un problème dû à une chute de la demande, mais bel et bien d’une conduite de l’entreprise basée sur le financier et de la recherche d’une marge la plus élevée. Les sites sidérurgiques sont sacrifiés dans le but de générer davantage debénéfice, au profit d’investissement dansl’activité minière du groupe, très lucrative pour les actionnaires. L’ambition affichée par le groupe est d’augmenter d’ 1 milliard de dollars les profits sur l’année 2012 par la recherche de gains internes au détriment des emplois et des acquis sociaux des sidérurgistes», note le communiqué national publié hier par la CGT.

« Autre ambition affichée par la direction : concentrer les productions sur les sites jugés les plus rentables. Alors comment un site dont les outils sont arrêtés depuis des mois peut-il améliorer ses coûts et par conséquent assurer son avenir? Comment dans ces conditions concrétiser le projet ULCOS», s’étonne la CGT métaux de Montreuil.

Celle-ci fait remarquer que « presque 60% de la production de Florange est tournée vers la filière automobile, avec une part importante de clients allemands, mais aussi de constructeurs français. Or les chiffres ne permettent pas d’affirmer un recul réel en ce début d’année du nombre de voitures vendues. Le nombre d’immatriculations de véhicules neufs en France en 2011 est du même niveau que durant les années d’avant crise. En Europe, cela représente une hausse de 1,1% avec 12,5 millions de véhicules», argumente la CGT nationale.

Son communiqué souligne également que «le groupe a par ailleurs décidé fin 2011 de réduire son budget global R&D pour 2012 et 2013 (dernier de la classe au regard de sesconcurrents européens), avec plus spécifiquement une réduction des budgets « automobile », « process » et « packaging »,toujours en augmentant le budget « mines ». Le groupe a investi en R&D seulement 0,4 % de son chiffre d’affaire sur l’année 2011, alors que ses résultats nets s’élèvent à 2,3 milliardsde dollars sur la même année avec une redistribution aux actionnaires de 1,2 milliards de dollars».

Crainte d'un désengagement du groupe

D’où cette conclusion: «Ainsi, et de façon alarmante, les faits ne trompent pas : le groupe se désengage de son activité sidérurgique pour se concentrer sur ses acquisitions minières, aujourd’hui beaucoup plus profitables. Pour la CGT, l’heure n’est pas à l’acceptation de faux arguments, ni à la résignation».

Les syndicats demandent au groupe et au gouvernement de s’entendre sur «une véritable politique industrielle, tournée vers l’innovation et l’élaboration des produits à forte valeur ajoutée répondant aux besoins des populationset des industries françaises. L’actionnaire principal M. Mittal n’est pas dans cette optique. La question est par conséquent posée également sur un plan politique. Dans un contexte où le gouvernement françaischerche à redresser l’industrie, et dont la sidérurgie constitue la base, il ne peut être question de laisser M. Lakshmi Mittal poursuivre cette stratégie destructrice de valeur industrielle», ajoute la CGT.

Celle-ci appelle les salariés et la population de Florange « à ne pas céder aux rumeurs, propagées par les dirigeants du groupe afin de justifier leurs décisions et à faire face, dans l’unité syndicale la plus large, car le site de Florange a toutes les cartes en main pour poursuivre et développer son activité», poursuit le communiqué national, qui appelle les salariés de Florange, d’ArcelorMittal et de toute la sidérurgie à se mobiliser massivement en répondant aux initiatives qui seront décidées ces prochains jours et ces prochaines semaines. Initiatives qui viseront à bloquer la direction d’ArcelorMittal dans ses ambitions, ses stratégies, en exigeant une intervention du gouvernement mais aussi un engagement des candidats à la présidentielle pour conforter l’avenir de notre filière fonte. Face à des directions qui cultivent la mise en concurrence des sites et des salariés, seule une mobilisation forte, unitaire, solidaire,nationale et européenne permettra d’infléchir les décisions.

«La filière liquide de Florange doit redémarrer dès maintenant, avec un plan d’investissement, d’embauches et de formation», conclut l’appel cégétiste.

Christophe Journet

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Mis à jour (Samedi, 29 Octobre 2016 15:28)