BRUXELLES (MPE-Média) – La deuxième conférence annuelle d’EuRic, la Confédération européenne des industries du recyclage s’ouvrait ce 28 mars à Bruxelles autour de la compétitivité des marchés du secteur en Europe, au moment où la Commission européenne et le Parlement de Strasbourg viennent de faire voter une nouvelle version du « paquet économie circulaire européen » posant de nouvelles règles devant accélérer la sortie de l’ère du déchet.

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Michaël Schuy, Président d’EuRic (Ph CJ MPE-Média)

Le Président d’EuRic M. Michaël Schuy a posé d’entrée de jeu les questions clés du moment : « À quel moment un produit est-il un déchet, reste-t-il un déchet ou devient-il un nouveau produit ? Si nous prenons à la lettre certaines propositions de loi, nous devrions cesser nos activités de collecte et de trnsformation de métaux, plastiques, papiers et d’autres matières. L’économie circulaire réelle doit passer par la reconnaissance de la valeur ajoutée par nos activités et métiers à l’économie globale et à son environnement. Et nous devons travailler ensemble pour une meilleure compétitivité des marchés du recyclage en Europe, auprès des législateurs et des leaders industriels », a déclaré M. Schuy.

Premier à prendre la parole durant cette conférence, Kestutis Sadauskas, Directeur de l’économie circulaire et de la croissance verte au sein de la direction de l’environnement de la Commission européenne a notamment demandé aux quelques 170 participants de lui faire remonter leurs remarques sur les améliorations à apporter à ces éléments de langage, dont la complexité n’échappe à personne, même parmi les plus expérimentés.

Ainsi, l’analyse des nouvelles propositions de lois sur la gestion des déchets plastiques développée ici par Gary Crawford, en charge des affaires internationales chez Veolia pudiquement qualifiée de « recommendations pour l’économie circulaire » tient-elle dans ces quelques idées simples :

  • - Distinguer clairement les déchets urbains solides issus des collectivités et ceux issus d’activités commerciales ou industrielles
  • - Harmoniser les législations et les méthodes de calcul à l’échelle européenne
  • - Favoriser le développement d’alternatives complémentaires de modes de traitement des déchets
  • - Veiller à soutenir la compétitivité des entreprises du secteur par une fiscalité adaptée au marché.

« Des incitations fiscales sont nécessaires pour soutenir le recyclage et le développement d’un marché des matières premières secondaires », ajoute Gary Crawford, évoquant un ensemble de mesures publiques, fiscales et financières de soutien aux nouvelles matières premières issues du recyclage lorsque le prix des matières vierges (pétrole ou autres) leur est préjudiciable.

 

Comparer ce qui est comparable

Expert du Ministère allemand de l’environnement, Andreas Jaron a expliqué en quoi il demeure difficile de comparer le degré de progrès dans chacun des 28 pays de l’Union européenne : « il nous faut des données statistiques fiables, élaborées à partir des mêmes bases, afin de pouvoir comparer ce qui est comparable, d’une part, et faire la différence entre ce qui relève bien d’un marché est ce qui ne l’est pas. Le marché est une question d’offre et de demande, qui suppose de payer pour un service un prix qui ne dépend pas de la volonté des dirigeants des collectivités d’être réélus. Et que le principe du pollueur-payeur soit reconnu partout au même titre », explique-t-il.

Secrétaire générale de l’Association des cités et régions pour une gestion durable des ressources (ACR+ présente dans 23 pays et plus d’un millier de villes) Mme Françoise Bonnet pense aussi qu’il faut bien distinguer l’offre et la demande dans la gestion durable des déchets mais aussi travailler sur l’écodesign des matériaux et à l’élaboration d’un contexte législatif et économique dédié à cette nouvelle forme d’économie dépendante d’une « volonté de changement systémique ».

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GD : Andreas Jaron, Kestutis Sadauskas, Gary Crawford et Françoise Bonnet (Ph CJ MPE-Media)

On le voit, il subsiste encore des leviers à actionner entre la simple « facilitation » de l’économie circulaire et l’identification puis la suppression des obstacles pas toujours visibles à son développement dans le monde post consumériste que nous vivons.

 

Les DEEE et leur recyclage, un enjeu d'avenir

L’identification des obstacles, qu’ils soient règlementaires ou plus triviaux est justement l’un des objectifs de Thinkstep, groupe de consultants basé en Allemagne, pour qui Margarida Gama a consacré du temps à l’étude de cas aussi distincts que le recyclage des métaux contenus dans les déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), les déchets de l’industrie pharmaceutique ou ceux dits dangereux, analysant aussi les « barrières de marchés » telles que les prix plus bas des matières premières primaires ou le manque de confiance des acheteurs dans la qualité des matières issues du recyclage. « Les entreprises se préparent de plus en plus à entrer dans une économie plus circulaire, travaillent sur le cycle de vie de leurs produits et recherchent les nouvelles opportunités créées par le concept », estime Margarida Gama. 

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De gauche à droite : Margarida Gama, Chris Slijkhuis, Thomas Opsomer, le modérateur Florens Slob, Michaël Schuy (Ph CJ MPE-Média)

« L’électronique va partout dans le monde, l’information technique sur son désassemblage devrait pouvoir en faire autant », démontre Thomas Opsomer (ingénieur chez I-Fixit).

Les recycleurs sont confrontés à un tel millefeuille règlementaire qu’on peut comprendre qu’ils soient parfois perplexes : plusieurs conventions internationales distinctes tentent de régir les moyens de traiter les substances antifeu contenues dans un nombre croissant de matières plastiques, explique Chris Slijkhuis (Müller-Guttenbrunn Recycling GmbH) spécialiste du recyclage des DEEE.

Egalement au programme de cette conférence 2017 d’EuRic, les thèmes de l’optimisation des procédures d’enregistrement des cargaisons de matières premières secondaires ; gestion de terrain du secteur des déchets et du recyclage ; le recyclage des métaux dans le cadre d’une économie globalisée ; le financement de l’économie circulaire, incluant les témoignages de Charles-Antoine Blanc, Directeur financier de Paprec Group, sur l’apport de la « finance verte » au développement de l’économie circulaire et d’Oliver Nugent, en charge du développement du marché des métaux de base au London Metal Exchange (LME) à propos du nouveau contrat LME sur les ferrailles d’acier lancé en 2016 à Londres.

(À suivre dans notre lettre MPE-Média n° 42*)

Christophe Journet

*Voir tarifs d’adhésion ci-dessous

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Extraits photographiques d’une vidéo sur le démantèlement des DEEE présentée dans le cadre de l’exposition « Mutations-Créations / Imprimer le monde » à voir à Beaubourg jusqu’à la fin juin 2017 (Montage ph MPE-Media)

Voir aussi sur :  https://www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cEo9Br4/rAo9oKd

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Mis à jour (Mardi, 28 Mars 2017 14:32)