BRUXELLES (MPE-Média) – Nous devons nous préparer à une nouvelle période de faible croissance en Europe, que l’effet Trump peut amplifier, entre 1,5 et au plus 2,8%, explique l’économiste Lucrezia Reichli en table ronde avec Signe Ratso, directrice générale de la division commerce à Bruxelles. Extraits du débat.

Le raisonnement tient la route : les tendances protectionnistes, l’effet prévisible du Brexit, l’élection de Donald Trump, la montée des extrémismes dans une Europe désorientée par la crise des migrants et la contraction de plusieurs grands marchés exerçent ensemble une pression baissière sur l’économie de l’Union européenne, assimilable à une forme de récession. Les faits sont têtus mais ils sont là, note cette économiste un brin iconoclaste mais semble-t-il réaliste.

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GD : Mmes Signe Ratso (DG Commerce de l'Union européenne) et Lucrezia Reichli (économiste de la London Business School) débattant des questions du commerce global et de la croissance durant la semaine du papier du CEPI (ph CJ MPE-Média)

Lucrezia Reichli, économiste à la London Business School (LBS) annonce la couleur en précisant qu’elle « n’a pas besoin d’une boule de cristal » pour anticiper une croissance européenne en baisse quelque part entre 1,5 et 2,8% dès 2017. Le modérateur Gidéon Rachman, en charge des affaires étrangères pour le Financial Times fait oeuvre de dialectique mais ne parvient pas à freiner le train en marche vers cette conclusion : Brexit + Trump + élections européennes en 2017 vont enrayer la croissance mondiale.

Directrice de la stratégie commerciale et des analyses à la direction générale du commerce de l’Union européenne, Mme Signe Ratso explique en réponse à la professeure de la LBS comment la stratégie d’accès au marché de la DG qu’elle représente auprès de la Commission européenne cherche à faire bouger les choses : « nous avons besoin d’accords négociés entre tous les partenaires en Europe et à l’extérieur pour faire bouger les lignes », insiste Mme Ratso, qui nous confirmera en a parte peu après qu'elle croit encore dans la possibilité de poursuivre les négociations pour un traité commercial transatlantique qui tienne la route, même après l'arrivée à Washington de la nouvelle administration Trump.

 

Le marché européen est plus ouvert que les autres

C’est bien de ce lien actuellement nié entre les échanges commerciaux internationaux et la croissance dont il est question ici, ce que souligne le modérateur de cet échange voulu par le CEPI au coeur de sa semaine européenne 2016.

« Le marché européen est ouvert aux non-européens, mais nous sommes confrontés à présent à des barrières douanières dans 40% de nos pays d’exportation », explique Peter Oswald, président du CEPI et dirigeant du groupe Mondi.

Quid de la Chine et de l’économie de marché ? Quid de la régulation et des politiques visant à obtenir le respect des conditions concurrentielles égales pour tous les acteurs globaux ? Peter Oswald redoute que les exportations chinoises refusées par les Etats-Unis finissent par aboutir en Europe où les barrières sont moins élevées.

 

Un éclatement de la zone euro?

« Je ne suis pas optimiste, je dois dire, et je peux même entrevoir un scénario dans lequel cette situation provoque un éclatement de la zone euro », ajoute Lucrezia Reichli (London Business School).

Alors que faire? Faire jouer les communautés d'intérêt avec les autre secteurs d'activités industrielles en Europe et dans d'autres régions du monde?

« Nous ne pouvons pas exporter facilement au Brésil sans acheter nos matières premières à nos concurrents, nous avons tenté de négocier ces sujets avec nos homologues d’autres marchés, mais nous en sommes toujours au même point, au même constat », fait remarquer Peter Oswald en réponse à une question de MPE-Média sur la nécessité de créer davantage de liens entre les différentes activités industrielles confrontées au même problème.

« Nous travaillons bel et bien ces jours-ci sur nos outils de défense commerciale. Il nous faudra changer la loi sur l’accession au statut d’économie de marché pour en clarifier les conditions, vis-à-vis de la Chine notamment mais pas seulement », nous répond Mme Ratso, à qui nous demandions si le délai n’était pas trop court – avant la fin décembre 2016 – pour opposer un refus poli et circonstancié à la demande de Pékin à l’Union Européenne et aux membres de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) de pouvoir obtenir une carte d’entrée dans le club des économies libérales.

 

Christophe Journet

Rédacteur en chef 

(A suivre)

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www.cepi.org/epw

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Mis à jour (Jeudi, 24 Novembre 2016 00:35)