RIO DE JANEIRO (MPE-Média) – La conférence annuelle d’ALACERO, l’association sud-américaine des producteurs d’acier s’est ouverte par les propos réalistes du Président Jefferson de Paula, par ailleurs Président d’ArcelorMittal produits longs en Amérique latine. Détails.

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M. Jefferson Da Paula, Président d'ALACERO et d'ArcelorMittal produits longs pour l'Amérique du sud et du centre (ph CJ MPE-Média)

« Cette conférence Alacero57 est pour nous l’occasion d’aborder les questions les plus cruciales pour nos métiers, dans un contexte global difficile, plus difficile encore pour l’Amérique du sud que pour les Etats-unis ou pour l’Europe », a déclaré Jefferson de Paula, président d’Alacero et d’Arcelormittal produits longs pour l’Amérique du sud et centrale.

Les surcapacités globales d’acier posent problème à un continent qui produit actuellement près de 22 millions de tonnes l’an et pour qui les politiques agressives de dumping des exportateurs chinois mettent à mal les activités des acéristes membres d’Alacero.

 

Des mesures protectionnistes à prendre

A entendre M. de Paula, il ne faut pas compter sur une croissance devenue faible dans le monde, à près de 3%, presque nulle ou négative dans certains pays pour faciliter les choses aux producteurs.

Prenant la parole dès l’ouverture de la conférence, M. Fernando Furlan, Vice-ministre en charge de l’industrie, du commerce extérieur et des services du Brésil renchérit : « les exportations d’acier chinoises constituent un vrai problème contre lequel nous devons réagir en prenant des mesures appropriées anti-dumping à l’échelle du continent mais aussi avec l’OCDE et les autres régions du monde concernées par ces pratiques commerciales déloyales : La Chine fournit plus de 55% de la ressource mondiale. Nous devons prendre des mesures protectionnistes pour rééquilibrer la balance commerciale », a déclaré le ministre.

Introduisant la première table ronde du jour, Alexandre de Campos Lyra, DG de Vallourec do Brasil et coordinateur d’Alacero aura été on ne peut plus clair, évoquant les dossiers déposés par les membres d’Alacero contre des pratiques commerciales chinoises irrégulières, cas poursuivis depuis par les gouvernements sud-américains : « il n’est pas possible que la Chine obtiennent en 2016 le statut d’économie de marché dont elle semble refuser de mettre en oeuvre les bonnes pratiques et les conditions permettant une compétition honnête sur le plan global pour les autres producteurs, qu’il s’agisse de produits plazts, longs, de tubes ou d’autres produits en acier », a-t-il déclaré.

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M. Fernando Furlan, Vce-ministre en charge de l'industrie et du commerce extérieur du Brésil (Ph CJ MPE-média)


Remontée du dollar face aux autres monnaies globales et régionales

Toutefois, tout n’est pas négatif dans le tableau présenté par Mme Sara Johnson, directrice de la recherche chez IHS Markit Economics, qui anticipe une légère reprise en 2017, boostée par les pays émergents et les BRICs en particulier.

Listant les freins à cette reprise, Mme Johnson évoque notamment les surcapacités existantes, le ralentissement du commerce mondial, les bas prix des commodités, la pression baissière sur les monnaies et la fuite des capitaux et cite parmi les conditions de la reprise un rééquilibrage des échanges internationaux, lequel nécessite des mesures globales. Mme Johnson anticipe une réappréciation du dollar américain dans les deux ou trois années à venir, y compris face au Yuan Renminbi, mais aussi versus l’Euro et les monnaies sud-américaines : le peso argentin devrait être déprécié de près de 20% d’ici à 2018 alors que le peso chilien devrait rester plutôt stable face au dollar, déclare-t-elle.

« La région Asie-Pacifique sera la région leader pour la croissance globale dans les dix années à venir », affirme Sara Johnson montrant la réalité de la croissance des PIB de l’Inde en tête (plus de 7%), la Chine ensuite, où la croissance continue à diminuer en intensité, des autres pays enfin. « Nous allons assister à une lente baisse d’intensité de la croissance chinoise dont l’économie se recentre de l’industrie aux services », ajoute Mme Johnson.

 

La reprise américaine en question

Pour Juan Carlos Rodado (Latam Research, Natixis), interrogeant la reprise américaine, il est probable que la Réserve Fédérale américaine resserre fortement ses taux d’intérêts dès décembre prochain et que l’inflation se renforce un peu l’an prochain, aux Etats-Unis comme en Europe, amplifiant la décroissance dans ces régions. M. Rodado anticipe une petite poussée de croissance en Chine ( +6,8% en 2016, +6,7% en 2017) essentiellement liée à un rebond programmé du secteur de la construction.

 

En Amérique du sud

M. Rodado voit la croissance repartir l’an prochain au Brésil où l’inflation devrait ralentir en attendant les élections présidentielles de 2018. La situation est selon lui plus tendue pour le Mexique, avec des risques dans les secteurs des finances publiques, de l’automobile, des flux de capitaux et sur le plan politique, aussi : « que se passerait-il si Donald Trump venait à gagner aux Etats-Unis » ? s’interroge-t-il.

Quant au Chili, M. Rodado voit son économie se dégrader avec la baisse des revenus miniers, du PIB national, de la croissance anticipée à + 1,2% suite à la perte de 2% en 2016 et sans doute de 1,5% point supplémentaire en 2017, tout comme en Colombie d’ailleurs pour d’autres raisons : le refus récent de l’accord de paix avec les FARC et une réforme fiscale exigeante à venir dans les prochaines semaines n’incite pas les acteurs locaux à l’optimisme.

Au Pérou, note M. Rodado, l’effet cuivre continue à baisser. En Argentine, en récession à – 1,5% de croissance en 2016, l’analyste de Natixis anticipe une légère reprise en 2017 ; le Vénézuela lui semble à la fois le plus risqué des pays de la zone et « le plus grand challenge possible grâce au changement pollitique en cours et aux réserves pétrolières du pays, le prix du baril continuant à remonter ».

En Equateur enfin, M. Rodado note que « Correa n’est définitivement pas Maduro », ce qui n’est pas vraiment un compliment.

Pour l’expert de Mc Kinsey Arlindo Eira Filho, mettant en exergue le sous investissement dans les infrastructures dans l’ensemble de l’Amérique Latine, ce retard place le continent loin derrière les régions développées du monde et demande à être rectifié : « nous devons accélérer l’investissement dans les infrastructures, les routes et autres équipements de plus de 50% », affirme-t-il en montrant la corrélation entre la qualité des infrastructures et le produit intérieur brut par tête et un ROI allant de 3 à 5 fois le capital investi.

La « bonne nouvelle » pour l’Amérique du sud demeure une prévision de hausse de 10 à 15% des investissements dans les infrastructures dans les années à venir, Brésil et Mexique en tête, quoiqu’il soit encore difficile d’obtenir des données dans quelques pays de la région.

« La société dans son ensemble commence à accepter l’idée que les infrastructures les moins coûteuses sont celles pour lesquelles on doit payer », fait remarquer l’orateur qui ajoute : « ce n’est pas le manque d’argent qui pose problème mais le manque de projets, de suivi des projets et d’engagement public ou privé dans ces projets ».

 

(A suivre dans notre prochaine lettre sur simple adhésion à MPE-Média)

Christophe Journet

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Voir aussi sur :

http://www.alacero.org

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Mis à jour (Mercredi, 26 Octobre 2016 02:27)