RIO DE JANEIRO (MPE-Média) – Avec “ALACERO57” c’est l’acier sud-américain au complet qui se réunit du 24 au 27 octobre à Rio pour parler compétitivité, distorsion de concurrence chinoise, chaîne de valeur et challenges à venir pour les producteurs d’acier. Reportage en direct jusqu’à jeudi. Détails de notre envoyé spécial.

Une grande messe de l’acier sud-américain

Plusieurs centaines de professionnels de l’acier et d’experts globaux du domaine sont attendus cette semaine à Rio de Janeiro (Brésil) pour participer à la conférence “ALACERO57” (de l’année de la première conférence ALADERO, en 1957).

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(Source ALACERO 2016)

Dès mardi 25 octobre, le ministre de l’industrie et du commerce extérieur du Brésil Fernando de Magalhaes Furlan, le Président d’ALACERO et Ceo d’ArcelorMittal produits longs en acier d’Amérique du sud et centrale Jefferson de Paula, le Président de Vallourec Brésil et de la commission d’organisation d’ALACERO57 Alexandre de Campos Lyra ouvriront ensemble l’évènement, avant trois présentations dédiées aux fondamentaux de l’économie du secteur de l’acier dans la période : des orateurs d’IHS Markit Economics, de Natixis Latam Research, de Mc Kinsey Socio en débattront avec le Ceo de Vallourec tubes Brésil Alexandre de Campos Lyra.

La consommation d’acier brut d’Amérique latine a atteint 40,4 millions de tonnes (Mt) et la production d’acier (produits finis) 33,8 Mt de janvier à août 2016, 6% de moins qu’il y a un an. Faîtes le compte, il manque 6,6 Mt, une porte ouverte pour les importations d’acier en provenance de pays tiers - dont l’Europe mais surtout la Chine, quoiqu’elle soit en baisse de 21% sur un an - d’autant que la production d’acier brut sud-américaine continue à baisser dans la période de 9% sur un an pour 39 Mt, la consommation aussi de 12%, et que les exportations de l’Amérique latine progressant de 3%, on voit bien que cette région du monde traverse des temps compliqués pour les sidérurgistes réunis à Rio de Janeiro par leur association régionale ALACERO, basée à Santiago du Chili (lire notre 38e lettre parue récemment, disponible sur adhésion).

Une balance exports - imports en déficit

La balance des importations sud américaines d’aciers finis (12,7 Mt) est en baisse de 21% sur les 8 premiers mois de 2016, dont 64% de produits plats au carbone (8,1 Mt), 34% de produits longs ((4,3 Mt), 3% de tubes en acier sans soudure (342 000 tonnes). Ces importations correspondent à près de 32% de la consommation régionale d’aciers finis, “ce qui représente une menace pour la concurrence et pour l’emploi régional”, précise le conseil d’administration d’ALACERO.

Du côté des exportations, l’acier sud-américain a atteint 5,8 Mt d’aciers finis exportés de janvier à aout dernier, en hausse de 3%, dont 49% de produits plats (2,8 Mt), 42% de produits longs (2,4 Mt), 9% de tubes (530 000 tonnes).

Mon tout s’appelle un déficit commercial record sud-américain de 6,9 Mt d’aciers finis, déséquilibre pourtant en baisse de 33% sur celui observé l’an dernier à la même époque (10,4 Mt). Tout va donc moins mal mais encore trop d’incertitudes tuent le marché, dans lequel le Brésil, pays d’accueil de la conférence aura été le seul en 2016 à rester en balance positive de 2,4 Mt entre ses imports et ses exports d’aciers finis, alors que le Mexique cumule un déficit majeur de – 3 Mt, la Colombie un déficit de – 1,5 Mt, le Pérou un déficit de – 1 Mt, le Chili également de – 1 Mt d’acier dans leurs balances respectives.

L'évolution des prix du minerai de fer et du charbon à coke

Un second pannel dédié aux marchés des matières premières sidérurgiques sera animé par Ernesto Escobar, gérant et DG du groupe CAP, avec Keith Tan, éditeur d’Acier et matières premières (S&P Global Platts), Paulo Salles, directeur commercial de la Cie Ferroso para America des Sur, filiale du groupe VALE. La question de l’évolution des prix du minerai de fer, du charbon à coke et d’autres intrants de l’acier brut demeure essentielle dans la compétition globale, où les acheteurs des aciéries chinoises continuent à tirer vers le bas les prix et étaient parvenus à imposer une tendance low costs à plusieurs des plus gros fournisseurs mondiaux de ces matières premières, tels que Rio Tinto, BHP Billiton, le brésilien Vale et quelques autres.

Ce sera notamment le thème d’une 3ème table ronde organisée par ALACEREO autour de l’évolution économique de la Chine et de son industrie sidérurgique, avec la participation d’Adam Hersh, économiste senior d’Initiative for Policy Dialogue, John Johnson, Ceo de Commodity Rsearch Unit (CRU) Chine, Greg Spak, associé de White & Case, le tout modéré par Jefferson de Paula, le Président d’ALACERO et d’ArcelorMittal produits longs en Amérique du sud.

Mercredi 26 octobre se succèderont en séance plénière de cette conférence trois “pannels” distincts qui résument eux aussi assez bien les préoccupations des aciéristes ici comme en Europe, d’ailleurs, notamment chez Eurofer à Bruxelles ou A3M à Paris.

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Les marchés de l'acier sont aussi fragiles ces jours-ci que ce beau château de sable sur la plage de Barra, à Rio de Janeiro (Ph MPE-Média)

La compétitivité et les challenges à réussir au centre de la conférence

“Chaîne de valeur de l’acier, compétitivité et innovation parmi les fondamentaux”, avec le Président de la sté Acerias de Colombia (ACESCO) Carlos Arturo Zuluaga comme modérateur, avec notamment José Carlos Rodrigues Martins, Président de la Chambre des industries de la construction du Brésil et Antonio Sergio Martins Mello, qui dirige les relations institutionnelles de FIAT et fut l’un des cadres étatiques de la sidérurgie brésilienne.

Un 4e pannel sera suivi de près après la pause café par la majorité des participants, avec comme modérateur M. Martin Berardi, Directeur général du groupe argentin TERNIUM sidérurgie, qui aura avec lui le Directeur général de “Worldsteel”, l’association mondiale des producteurs d’acier qui compte 66 pays membres et représente près de 80% de la production mondiale d’acier à elle seule, qui parlera avec Mrs Becky Hites, Ceo nord-américaine de Steel Insights, oratrice experte de l’acier globalisé qui évoquera “les challenges à venir pour les producteurs d’acier globaux dans les 5 à 10 prochaines années” dans un contexte mondialisé que l’on sait tendu et pourquoi. Becky Hites est venu en juin dernier à Paris dans le cadre de la 3e Matinée de l’acier de MPE-Média où son intervention sur les marchés avait vivement intéressé les dirigeants et professionnels présents!

 

La parole aux dirigeants de l'acier sud-américain

La dernière table ronde d’ALACERO57 sera dédiée à quatre prises de paroles, celles de dirigeants d’entreprises sidérurgiques sud-américaines dont Martin Berardi (Ternium) animera les échanges : José Ignacio Giraudo, directeur exécutif et Ceo d’ACINDAR, filiale aciers longs du groupe globalisé ArcelorMittal dont on voit bien ici la force de frappe aux côtés d’autres géants comme ThyssenKrupp ou plus locaux comme le brésilien GERDAU, dont le Président et Ceo André Bier Gerdau Johannpeter prendra aussi la parole dans ce cadre, après le tour de Maximo Vedoya, Président exécutif du groupe TERNIUM à Mexico.

Pour Rafaël Rubio, le Directeur général d’ALACERO, qui réunit ce lundi le jury du concours des meilleurs projets d’architecture et de la construction d’Amérique du sud (le résultat à suivre prochainement en ligne), la question clé de 2016 est bien de savoir si l’Amérique du Sud, l’Amérique du nord, l’Europe, le Japon et une partie de l’Asie parviendront à ne pas donner à la Chine le statut d’économie de marché sur lequel compte ce pays alors qu’elle ne respecte pas les règles de la concurrence définies par l’Organisation mondiale du commerce, en pratiquant jusqu’ici un dumping forcené sur les prix de ses produits en acier longs, plats ou spéciaux, tubes également. Ce qui a conduit l’Union européenne, les Etats-Unis et depuis peu plusieurs états d’Amérique du sud à imposer des mesures fiscales de régulation de ces exportations chinoises, mais aussi russes dans certains cas.

On le voit, les questions posées à Rio de Janeiro ressemblent beaucoup à celles que les producteurs d’acier européens tentent de résoudre ensemble via Eurofer ou en sollicitant chacun de leur côté les élus nationaux des 28, bientôt 27 pays de l’Union.

 

Christophe Journet

A propos d’ALACERO – L’association sud-américaine des producteurs d’acier fondée après la 2nde guerre mondiale, dans les années cinquante, compte 49 compagnies basées dans 20 pays dont la production cumulée représente près de 70 millions de tonnes et 95% de l’acier usiné dans cette région du monde. ALACERO est reconnue comme consultante pour les Nations Unies, comme ONG internationale par la République du Chili qui abrite son siège social à Santiago.

 

Contact : Benjamín 2944, 5º Piso - Las Condes - 755 0032 - Santiago - Chile - Tel: +56 222 33 0545

 

 

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Voir aussi sur:

http://rio57.alacero.org

https://youtu.be/0ihq5ruPGqE

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Mis à jour (Mardi, 25 Octobre 2016 14:53)