PARIS (MPE-Média) – « Les prix des matières premières ont atteint un haut plateau permanent » déclare le Professeur Philippe Chalmin citant un économiste du début du siècle dernier lors de la présentation à la presse du 32ème volume annuel de « CYCLOPE », la bible des marchés mondiaux des matières premières, ce 16 mai. Petits lecteurs s'abstenir!

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Philippe Chalmin présentant Cyclope 2018 (Ph CJ MPE-Média)

« Le ciel rayonne et la terre jubile », tel est le sous-titre – en allemand – de cette nouvelle édition de Cyclope. Tirée du titre d’une oeuvre de J.-S. Bach, cette citation illustre l’ambiance constatée cette année sur les grands marchés mondiaux des matières premières, des matières agricoles au marché de l’art via ceux des mines, métaux, pétrole, gaz, de l’énergie, des marchés qui n’ont jamais atteint des niveaux aussi élevés mais surtout ce que Philippe Chalmin qualifie de « nouvelle stabilité », dont la volatilité s’est faite le régulateur et l’une des conditions en 2017 et depuis.

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Philippe Chalmin (tenant l'édition 2018 de Cyclope) et une partie de ses co-auteurs (Ph CJ MPE-Média)

Epinglant l’impact des annonces protectionnistes de Donald Trump, Philippe Chalmin parle aussi « d’une nouvelle donne sur les marchés de l’énergie » : les prévisions de Cyclope sur le prix moyen du Brent en 2018 étaient de 60 dollars l’an dernier pour l’année. « Nous voyons effectivement un rebond du pétrole à 70 dollars voire plus, Goldman Sachs parlant d’un pic à 82$, on parle de 90 voire 100$ le baril », explique l’économiste titulaire de la chaire d’histoire des matières premières de Paris-Dauphine.

 

Le GNL, nouvelle commodité à considérer

« 2017 a vu l’avènement d’une nouvelle commodité, le gaz naturel liquéfié », poursuit le Professeur Chalmin, résumant le chapitre écrit par Sylvie Cornot-Gandolphe dans Cyclope. « Aujourd’hui, le GNL est en train de voir se développer des futures, produits dérivés, ce qui permet à nombre de pays d’utiliser du gaz pour remplacer le charbon dans leurs centrales, en Afrique notamment », explique-t-il, en notant que « c’est bien parce que c’est nettement moins polluant, nettement mieux que le charbon qui a pourtant connu aussi une très belle année ».

Philippe Chalmin et Yves Jégourel, son acolyte universitaire à Bordeaux parlent aussi d’une même voix d’une « bulle de la mobilité électrique, le plus grand problème se situant sur le marché du cobalt, la moitié des réserves mondiales étant au Congo RDC dans les mains de Glencore, dans un pays instable géopolitiquement », détaille l’économiste.

Revenant en 2008, année faste, euphorique, « le temps du monde fini » selon le Cyclope d’il y a dix ans, Philippe Chalmin conclut : « dix ans après 2008, la crise est bel et bien oubliée. 2014 a été le contrechoc de cette crise des matières premières, à présent consolidés de nouveau, même si les marchés sont livrés au quotidien à des tourments liés à des évolutions technologiques ou à des questions géopolitiques. N’oubliez pas que dans la jubilation il y a toujours un peu de folie ».

Christophe Journet

 

Les co-auteurs de Cyclope parlent, aussi :

Francis Perrin, spécialiste du pétrole, chercheur pour l’OCP et enseignant à l’IRIS : « les tensions géopolitiques au Moyen-Orient, ce qui vient de se passer avec l’IRAN, les Etats-Unis, les incertitudes Lybie-Nigeria explique cela. Les USA sont déjà les premiers producteurs de pétrole et vont devenir en 2018 le 2ème producteur mondial de gaz, après la Russie et devant l’Arabie Saoudite. »

Yves Jégourel, titulaire de la chaire « commodités et finance » de l’Université de Bordeaux : « Le cobalt pose une vraie problématique dans les dix ans, des problèmes de concentration de l’offre, sous l’hypothèse à examiner prudemment d’un développement très fort des voitures électriques. Il est de bon ton de jouer sur l’éventuelle pénurie de cobalt, regardez ce qui s’est passé pour le lithium. Les fondamentaux à la hausse du cobalt sont toujours présents, mais il faut regarder aussi la réalité des phénomènes spéculatifs, via les dérivés. L’évènement majeur sur les derniers mois est aussi le contrat pétrolier en provenance du Golfe, livré en Chine. »

François Luguenot, spécialiste matières agricoles chez In Vivo : « le modèle d’aujourd’hui, qui avait réussi entre les années 60 et 2 000, ne permet plus de gérer le risque de production, le risque de revenu. Le premier problème est de savoir comment on peut gagner sa vie en étant agriculteur en France ou en Allemagne, ce problème aurait pu être géré plus tôt. C’est l’ensemble du système agronomique, technique, l’environnement économique qui doivent être remis à plat ».

 

EDITIONS ECONOMICA 2018 ; Disponible aussi en version numérique chez CYCLOPE via :

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Mis à jour (Vendredi, 25 Mai 2018 16:42)