PARIS (MPE-Média) – Transition écologique : accélérer, avec ou sans les États-Unis ? Telle est la question clé posée ce 8 décembre aux participants à la 1ère Conférence de Paris, alias Forum économique international des Amériques, à l’OCDE. Un débat clé.

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GD : Géraldine Amiel (Bloomberg News), Philippe Sauquet (Total), Josu Jon Imaz (Repsol), Bridgette Radebe (Mmakau Mining), Peter Terium (Innogy), Cedirc Neike (Siemens), SAR Abze Djigma (Mama-Light), Mansoor Hamayun (Bboxx) – (Ph CJ MPE-Média)

« Face aux défis environnementaux, énergétiques et humains auxquels nous sommes confrontés, l’accélération de la transition écologique s’impose comme une priorité mondiale autant qu’un impératif économique et social. Quel est l’impact du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le dynamisme de la lutte contre le changement climatique ? Comment transformer notre manière de gérer les ressources ? Quelles innovations pour quel nouveau modèle durable de production ? » Voilà comment les organisateurs de ce premier Forum délocalisé de Montréal à Paris posent la question de la transition écologique en 2017.

En l’absence de l’ex ministre Ségolène Royal et de Patrick Pouyanné, Président du groupe Total, une table ronde réunissant 7 grands professionnels référents, tous et toutes concernés par la gestion des ressources a permis à son Altesse Royale la Princesse Abze Djigma, Directrice générale de la Compagnie ABZESOLAR, envoyée spéciale du Président du Burkina Faso pour les énergies renouvelables et l’efficience énergétique, fondatrice et responsable de « The Initiative MAMA-LIGHT for Sustainable Energy », à Mme Bridgette Radebe, Présidente exécutive du groupe Mmakau Mining, à Josu Jon Imaz, Directeur général du groupe Repsol, à Peter Terium, Directeur général du groupe Innogy, à Cedrik Neike, Membre du Comité de direction du groupe Siemens, et enfin à Mansoor Hamayun, fondateur et Directeur général du groupe BBOXX, à Philippe Sauquet, Directeur général de la division Gaz, Renouvelables & Energie et de la stratégie d’innovation du groupe Total, d’exprimer leurs points de vue sur cette transition, dans les faits.

« J’étais il y a encore quelques heures avec les habitants d’une commune du Burkina, je leur disais qu’ils sont la solution, ce sont eux qui font évoluer la transition », explique SAR Abze Digma.

 

La situation en Allemagne, aux USA, en Afrique

«En Allemagne, la sortie du nucléaire était soutenue non par les politiques mais par la majorité de la population malgré les problèmes que cela nous pose (...) et aux Etats-Unis, ceux qui refusent d’évoluer pour sortir du pétrole ne représentent en fait qu’une petite partie de la population », réagit Peter Terium, expert énergie fondateur d’Innogy reprenant le « Yes, we can » d’Obama.

« Nous devons travailler ensemble, entre pays, montrer la direction. En Allemagne, nous avons à régler un énorme problème : là où vous avez du vent, il n’y a pas d’industrie, notre réseau d’électricité est devenu très instable. Nous avons besoin des technologies de distribution pour faire avec une fourniture d’énergie plus verte et plus sûre », poursuit Cedric Neike, expliquant comment Siemens tente de reposer la problématique de la sortie du nucléaire.

Pour Mansoor Hamayun, « la question appartient aux consommateurs. Batteries, portables, radios, hifi, énergie au quotidien, ils souffrent souvent de manques importants, ils représentent des millions de familles subissant l’économie carbonnée. »

« Il faut arrêter de prétendre que nous manquons de données pour résoudre le problème d’une réponse correcte à la demande d’énergie et réussir à mobiliser les investisseurs pouvant gérer ces risques. C’est difficile de financer cette transition, mais vu l’impact climatique actuel sur les populations, en Afrique et ailleurs – il cite l’exemple du Kenya – nous devons trouver ces solutions », ajoute-t-il.

 

Total vise réduction des coûts finaux et propreté des moyens engagés

« Nous devrions être optimiste, le monde est en mouvement, nous sommes actifs. Pour un groupe comme Total, les objectifs au quotidien sont bien de réduire l’empreinte carbone, développer l’efficacité énergétique et depuis quelques trente années dans le solaire, nous soutenons la transition et travaillons auprès des pays émergents avec nos partenaires pétrole et gaz de neuf compagnies, dont Repsol », continue Philippe Sauquet, ajoutant que son groupe (Total) vise aussi la réduction des coûts, la propreté de l’énergie proposée à des millions de personnes dans le monde.

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Pas d'énergie sans prise de risque : En mai 2012, une grave fuite de gaz en mer du nord était contrôlée par Total (Ph Total archives MPE-Média)

Alors que manque-t-il pour aller plus vite ? « Opposer les énergies n’est pas la bonne voie, nous devons faire des choix. Nous sommes partenaires de Bridgette Radebe en Afrique du sud, nous tentons de substituer le gaz au charbon dans de nombreux pays, au Royaume-Uni, aux Etats-Unis, dans d’autres pays d’Europe où nous développons aussi des énergies renouvelables tout en constatant qu’elles ne suffisent pas encore à répondre à la demande », poursuit M. Sauquet.

 

Le prix du CO2 au centre du débat : « une nécessité »

Alors convaincre, démontrer, soutenir le solaire en réduisant son coût, investir dans le stockage de l’énergie produite avec des batteries, pour stocker la nuit celle produite le jour, soutenir les objectifs fixés par la COP 21 et l’accord de Paris pour le climat sont cités ici comme une partie de la solution globale, seulement une partie certes, « mais convaincre ne fera pas tout ! créer un prix du carbone global, un incitatif contre les transferts d’émissions d’une région du monde à l’autre, cela reste essentiel », renchérit Josu Jon Imaz, DG de Repsol, le nez sur les données du matin en Espagne, insistant sur le fait que l’action industrielle doit sauvegarder la compétitivité des acteurs tant en production d’énergie qu’en transport, quoiqu’il arrive, sans remettre en cause les bases fixées à Paris en 2015.

« Quelles sont les règles ? Sont-elles les mêmes pour tous ? Comment les fixons-nous, les défendons-nous ? Si nous avons des contre-propositions à faire aux géants globaux de l’énergie, d’autres groupes peuvent nous aider à les faire émerger », explique SAR Abze Djigma, évoquant aussi le levier possible des agences de notation, les outils financiers à utiliser : « l’énergie est la clé de tout et l’Afrique la solution, le terrorisme provient de l’absence de règle et de solution », ajoute-t-elle, se disant tout à fait favorable à un prix du CO2 « comme Gérard Mestrallet, Pdt d’ENGIE ».

Mais il y a plusieurs façons d’approcher et de tenter de résoudre le problème des transitions écologique, énergétique, selon qu’on est africain, européen, américain, industriel, dirigeant d’un pays, d’une société high-tech allemande, américaine, d’un pétrolier global français ou d’une compagnie minière sud-africaine tentant de défendre à la fois sa compétitivité et le droit des enfants, des adultes à travailler dans de meilleures solutions. Tout est lié et tout se tient : « dans nos pays, vous devez tout faire en même temps, d’une façon traditionnelle et digitale, avec la finance, les agences de notation, en mobilisant tous les talents, concrets comme académiques, en tenant compte des prix de marché comme des moyens de chaque population concernée », confirme le fondateur de BBOXX.

 

Christophe Journet

Rédacteur en chef MPE-Média

 

Voir aussi sur :

www.oecd.org

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Mis à jour (Lundi, 11 Décembre 2017 17:19)