PARIS (MPE-Média) - FEDEREC vient de rendre public une première étude globale sur l’évaluation environnementale du recyclage en France dont nous publions ici une synthèse : le recyclage est de plus en plus utile, pas seulement pour la lutte contre le réchauffement climatique! Détails de l'étude, suivis par la réaction de FEDEREC à une prise de position récente des Amis de la Terre sur les DEEE, déchets d'équipements électriques et électroniques.

Au sein du défi global que représente le développement durable, l’économie circulaire constitue un levier important pour les autorités publiques et les industriels en vue d’atteindre les objectifs en matière d’économie des ressources et de diminution des émissions de Gaz à Effet de Serre (GES). En France, plusieurs évaluations environnementales du recyclage ont été effectuées en utilisant l’Analyse de Cycle de Vie. Cependant, celles-ci n’avaient pas pour objectif de dresser un bilan global et leur périmètre était trop limité. Avec l’aide de RDC Environnement et en partenariat avec l’ADEME, FEDEREC, la Fédération des Entreprises du Recyclage, a donc lancé mi-2015 une grande étude sur les principales filières du recyclage en France pour mesurer les bénéfices environnementaux du secteur. Elle en livre aujourd’hui les principaux résultats et enseignements.

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(Source FEDEREC)

 

Un périmètre large et une méthodologie éprouvée

Pour réaliser ce bilan national des GES et de la consommation d’énergie des filières de recyclage en France, FEDEREC s’est intéressée aux 8 filières les plus représentatives du marché : métaux ferreux, aluminium, cuivre, papiers cartons, verre d’emballage, plastiques d’emballage, granulats et textiles chiffons.

La fédération a également fait le choix de recourir à la méthodologie d’Analyse de Cycle de Vie (ACV), qui permet d’évaluer les impacts environnementaux potentiels sur tout le chemin parcouru par un produit, de l’extraction des matières premières qui le compose jusqu’à son élimination réelle. Celle-ci permet ainsi de qualifier le plu précisément possible l’impact d’un produit sur son environnement. Les résultats sont détaillés selon les phases de cycle de vie suivantes : la collecte des déchets à recycler, le tri de ces déchets, la production des matières premières de recyclage, la transformation des matières premières recyclées, la production évitée de matériaux intermédiaires d’origine fossile ou naturelle, la collecte et la fin de vie évitée grâce à la mise en place d’une filière de recyclage.

 

Ambitions et objectifs

Le bilan réalisé par FEDEREC s’articule autour de 3 étapes :

  • Créer ou mettre à jour et homogénéiser la modélisation ACV pour les différentes filières de recyclage
  • Établir et analyser les résultats du recyclage en France pour l’année 2014
  • Permettre d’isoler des résultats spécifiques à chacune des filières de recyclage étudiées, exploitables par chaque entreprise

 

L’intérêt de ce projet était notamment de rendre le bilan reproductible dans le temps et de comprendre quels en sont les principaux contributeurs. Ainsi, afin de répondre aux besoins spécifiques des professionnels du recyclage en matière d’évaluation environnementale sur des situations qui leur sont propres (demandes de clients amont ou aval, bilan annuel…), elle s’accompagne d’un outil Web, sorte de « calculette environnementale des impacts ».

Pratique, ce dernier servira aux adhérents de FEDEREC pour évaluer l’impact de leurs process de production au regard de leurs tonnages et des étapes de cycle de vie correspondant (par exemple, le choix du broyage ou du cisaillage dans le cas des métaux). Ils pourront également évaluer les couts/bénéfices environnementaux d’éléments techniques tels que les distances de transport, les consommations d’énergie, les pertes, etc. Pour FEDEREC et l’ADEME, il s’agira d’éditer des bilans annuels (tonnages nationaux), de modifier les paramètres de modélisation tels que le mix électrique, le taux de substitution à la matière première vierge, le scénario de fin de vie en l’absence de recyclage, les distances de collecte sélective, etc.

 

Accompagner une volonté politique

En matière de recyclage de ses déchets, la France s’est fixée des objectifs ambitieux :

  • Augmenter la quantité de déchets faisant l’objet d’une valorisation sous forme de matière, en orientant vers ces filières de valorisation, respectivement 55% en 2020 et 65% en 2025, les déchets dangereux non inertes.
  • Étendre progressivement les consignes de tri à l’ensemble des emballages plastiques sur l’ensemble du territoire avant 2022.
  • Valoriser sous forme de matière 70% des déchets du secteur du bâtiment et des travaux publics en 2020.
  • Réduire de 30% les quantités de déchets non dangereux et non inertes admis en installation de stockage en 2020 par rapport à 2010, et de 50% en 2025.
  • Réduire de 50% les quantités de produits manufacturés non recyclables mis sur le marché avant 2020.

 

Grâce à cette étude, FEDEREC soutient le déploiement de la stratégie Nationale d’Economie Circulaire en continuant d’améliorer l’état des connaissances des impacts environnementaux du recyclage des déchets. Elle vise à établir le bilan environnemental des filières de recyclage en France, en se basant notamment sur les indicateurs relatifs à la consommation d’énergie et aux émissions de GES. Enfin, elle démontre, chiffres à l’appui, la contribution majeure du recyclage et de la valorisation des déchets dans la lutte contre le changement climatique.

 

  • Contribution au changement climatique
  • En 2014, le recyclage des métaux ferreux, métaux non ferreux (aluminium et cuivre), des papiers et cartons, du verre d’emballage et des plastiques d’emballages, des déchets du bâtiment à destination des techniques routières, ainsi que des textiles de la filière d’essuyage a permis d’éviter environ 22 100 kt CO2-eq.
  • En comparaison, cela correspond à un gain d’émission de CO2 équivalent à 172 000 000 000 de km parcourus par un véhicule particulier ou 9,6 millions de véhicules en moins sur les routes sur 1 an, soit un quart du parc automobile français en 2015.
  • Parmi les filières les plus contributrices, on cite :
  • Les métaux ferreux dont le recyclage représente 76% du bilan total, avec 16 900 kt CO2-eq évitées pour 12 500 kilotonnes de ferrailles collectées.
  • L’aluminium qui a contribué à hauteur de 20% au bilan total, avec 4 400 kt de CO2-eq évitées pour 0,6 Mt collectées.
  • Les autres flux représentent 6,5% du bilan global avec 1 500 kt de CO2-eq évitées pour 33 470 kilotonnes colletées, dont 27 700 kilotonnes de déchets du bâtiment, 2 800 kilotonnes de papier, 1 918 kilotonnes de verre, 830 kilotonnes de plastiques, 200 kilotonnes de cuivre et 22 kilotonnes de textiles.
  • Le recyclage du carton affiche un impact positif sur l’effet de serre à hauteur de 1 200 ktde CO2-eq évitées pour 4 500 kilotonnes collectées.
  • Enfin, la production évitée de matériaux d’origine vierge contribue pour 68% au bilan global avec 39 000 kt de CO2-eq évitées.
  • Les phases de cycle de vie les plus contributives aux résultats sont l’extraction évitée matières premières fossiles et la transformation des matières premières recyclées pour toutes les filières. Dans le cas des emballages plastiques, la collecte et la fin de vie évitées ont également une influence sur les résultats.
  • Consommation d’énergie cumulée totale, renouvelable ou non.
  • En 2014, le recyclage des matériaux des différentes filières étudiées par FEDEREC a permis d’éviter la consommation d’environ 124 000 GWh d’énergie, ce qui équivaut à près d’un quart de la production électrique française, et à l’ensemble de la production non nucléaire.
  • Parmi les filières les plus contributrices, on cite :
  • - Le carton : 33% du bilan total
  • - Les métaux ferreux : 28%
  • - L’aluminium : 20%
  • - Le papier : 13%
  • - Les autres flux contribuant à hauteur de 6% à ce bilan
  • L’extraction évitée de matières premières fossiles représente, quant à elle, 71% du bilan global avec 212 000 GWh d’énergie. Au regard de l’énergie cumulée totale consommée, le papier et le carton recyclés nécessitent une consommation inférieure au carton fabriqué à partir de matière première primaire. Cependant, cette filière utilise une part d’énergie renouvelable (le bois) plus importante par rapport aux inventaires utilisés.
  • Les entreprises du recyclage, au cœur de l’économie circulaire, portent une véritable responsabilité environnementale puisqu’elles approvisionnent les industries françaises et mondiales en matière d’économies d’énergie et d’émissions de GES.
  • L’étude menée par FEDEREC confirme que le recyclage permet de participer à la lutte contre le changement climatique et l’épuisement des ressources minérales et fossiles. Les filières de recyclage des métaux ferreux et de l’aluminium sont celles qui contribuent le plus à ce résultat, respectivement grâce à l’effet multiplicateur des volumes de métaux ferreux recyclés et au bénéfice net important du recyclage d’une tonne d’aluminium.
  • L’étude montre, par ailleurs, que la production évitée de matériaux d’origine fossile joue également un rôle essentiel dans les bénéfices environnementaux calculés. La filière joue donc un rôle majeur dans la mise en œuvre de la stratégie bas carbone. Elle doit être soutenue pour y contribuer encore plus et ainsi permettre à la France d’atteindre ses objectifs facteurs 4 en 2050.
  • Une meilleure visibilité des bénéfices associés au recyclage doit permettre la mise en place de politiques adaptées, ce qui nécessite un raisonnement sur l’empreinte carbone en France. Enfin, donner un vrai prix au carbone est également indispensable pour une meilleure prise en compte des externalités afin de rééquilibrer les systèmes économiques et écologiques.

 

LA REDACTION

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(1) Véhicules Hors d’Usage

(2) Déchets d’Equipements Electriques et Electroniques

 

NDLR - Les contenus exprimés par FEDEREC ne représentent pas l'opinion de la Rédaction qui ne fait là que son devoir d'éclairage et d'information sur un débat en cours. Toutefois, il nous a paru clair que la réaction de la Fédération du Recyclage en pleine mutation à travers les réalités de ses adhérents méritait bien l'espace que nous lui accordons ici.

 

Voir aussi sur:

www.federec.org

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Nouveau président de la filière Palettes et Bois

 

Par ailleurs, l'Assemblée Générale de la filière FEDEREC Palettes et Bois s'est déroulée le 29 novembre 2016 lors du Salon POLLUTEC. M. Pascal LÉON a été élu Président succédant à Louis DE REBOUL, en poste depuis 6 ans. Le Président entrant, Pascal LÉON est en poste chez Suez Recyclage valorisation.

 

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FEDEREC réagit à la publication du Rapport DEEE des Amis de la Terre

PARIS (MPE-Média) - A l’occasion d’échanges ayant eu lieu cet automne à la demande des Amis de la Terre, la Fédération des Entreprises du Recyclage (FEDEREC) a été invitée à transmettre son avis en amont de la parution du rapport réalisé par cette association pour marquer les 10 ans de la filière des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE). Détails du verbatim de la réponse de FEDEREC aux ADLT.

 

Des compléments et des précisions ont été formulés par FEDEREC : malgré une démarche qui se voulait constructive, la grande majorité des commentaires et propositions de reformulation n’a pas été prise en compte dans la version publiée le 7 décembre 2016, ce qui était naturellement le libre choix des Amis de la Terre, mais qui reste néanmoins regrettable. La publication comporte selon nous des approximations et interprétations qui ne reflètent pas les efforts des entreprises françaises, en partenariat avec les éco-organismes, pour assurer des opérations conformes et respectueuses des meilleures techniques disponibles, dans un contexte de concurrence européenne parfois inéquitable.

Des raccourcis malencontreux sont faits au sein du rapport, qui déplore par exemple le faible taux de collecte national (43% en 2015), sans mentionner toutefois que celui-ci avoisine l’objectif à atteindre en 2016 selon les obligations de la Directive européenne. Des contradictions apparaissent, puisque l’étude suggère que le reste des équipements (57 %) passe par une filière illégale, alors même qu’elle reconnait que des progrès importants sont nécessaires sur le geste de tri, pour encourager les ménages à ne pas stocker les DEEE et à ne plus les jeter avec les ordures ménagères.

Par ailleurs, une sémantique inappropriée est employée pour désigner certains acteurs du recyclage : l’expression utilisée, « filière parallèle », est dotée d’une forte connotation péjorative, car elle est souvent synonyme de filières illégales. Or les acteurs concernés sont des installations ICPE, autorisées par les DREAL, qui collectaient jusqu’alors une partie des flux en toute légalité mais sans disposer de contrat avec les éco-organismes : les DEEE n’étaient donc pas comptabilisés dans les données nationales.

Du fait de l’évolution de la réglementation et de l’application de la loi de transition énergétique et en vue d’atteindre leurs objectifs de collecte, les éco-organismes ont récemment noué des relations contractuelles avec ces entreprises de recyclage historiques localisées en France, afin d’assurer le suivi du recyclage de DEEE jusqu’ici non pris en compte dans les chiffres officiels (appareils en fin de vie issus des ménages ou des activités des artisans ou installateurs).


Une interprétation maladroite de l’atteinte des taux de recyclage.

L’atteinte des objectifs de recyclage et de valorisation (entre 70 et 85% selon les flux) ne signifie pas que 20% des DEEE ne sont pas recyclés. Pour chaque catégorie de DEEE, à l’issue du traitement, une fraction dite déchet ultime est toujours présente : cette fraction ne peut pas, en l’état actuel des meilleures techniques disponibles, être valorisée par les entreprises de recyclage. Il s’agit d’un constat applicable au monde du recyclage, malgré les investissements concédés pour moderniser les installations et améliorer les performances (476 millions d’euros investis en 2015). Enfin, les taux de recyclage sont indissociables de la qualité des produits et matériaux utilisés lors de la fabrication des équipements neufs. Si un plastique utilisé lors de la conception contient des substances dangereuses, aucune technologie ne sera à même de le rendre non dangereux.

 

Une remise en cause non justifiée du contrôle de la dépollution.

Le rapport questionne la qualité des audits déployés sur la filière : il semble indispensable de rappeler que le contrôle de la dépollution, c’est-à-dire le retrait des substances réglementées, est systématiquement opéré, aussi bien dans le cadre des audits annuels ou inopinés des éco-organismes que du standard de traitement européen WEEELABEX. La performance de la dépollution et la traçabilité des filières de traitement sont au cœur des audits, et la France se situe en peloton de tête puisque le pays figure parmi les pays avec le plus de sites référencés WEEELABEX.

 

Le traitement des frigos : la dénonciation d’une situation non avérée.

Les chiffres avancés (60% des frigos traités sans dépollution adaptée) ne reflètent pas la situation nationale. En effet, le constat s’appuie sur le taux de collecte des frigos (40%) comparé au nombre moyen d’unités de frigos mises sur le marché ces 3 dernières années. Or les mises sur le marché récentes sont largement supérieures, pour des raisons diverses (ex. : augmentation du nombre de familles recomposées et de résidences secondaires liées au tourisme), aux taux d’équipements des ménages d’il y a 15 ans, ces derniers constituant le flux de déchets de frigos collectés et traités aujourd’hui. Le taux de collecte actuel est donc en réalité proche du parc d’il y a 15 ans, même s’il reste des améliorations, déjà apportées par les conventions entre FEDEREC et les éco-organismes.

 

Le recyclage en boucle fermée n’est pas une fin en soi.

Le rapport dépeint le recyclage en boucle fermée (usage identique) comme un dogme : or, si « l’upcycling » est à privilégier, le recyclage en boucle fermée n’est pas LE but ultime. En effet, pour des raisons techniques et de débouchés, les plastiques issus de DEEE sont rarement utilisés pour fabriquer de nouveaux équipements électriques ou électroniques, car le tri des plastiques selon les résines n’est pas encore déployé, au vu des gisements disponibles. De plus, la demande des producteurs du secteur électronique en plastique recyclés demeure très faible. Cela n’empêche pas les matériaux issus du traitement d’être valorisés différemment, dans d’autres secteurs.

 

Ces quelques points faisaient partie des précisions communiquées aux Amis de la Terre bien avant la parution du rapport et il nous semble fort dommage qu’ils n’aient pas été revus dans la version définitive. Il ne nous parait pas utile de jeter le discrédit sur une filière qui, malgré des imperfections et consciente du besoin de s’améliorer, a fait les efforts nécessaires pour que les DEEE ne soient plus un risque environnemental.


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