PARIS (MPE-Média) – ArcelorMittal, leader mondial de l’acier confirmait ce 7 décembre à Paris avoir recouvré une perspective positive à moyen – terme sur ses principaux coeurs de marchés, travaillant à la création « d'une plate-forme solide sur laquelle construire » en incluant un effort spécial pour la production d'acier « durable ».

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Philippe Darmayan, Pdt d’ArcelorMittal France a ouvert la rencontre avec la presse internationale (Ph MPE-Média)

Après un rapide tour d’horizon sur le marché mondial de l’acier et les résistibles réductions des surcapacités chinoises de production d’acier brut, le responsable de la stratégie et des nouvelles technologies d’ArcelorMittal David Clarke a déclaré ce mercredi à la presse réunie à Paris pour l’Europe qu’ArcelorMittal avait retrouvé une position d’équilibre budgétaire et une perspective de nouveau positive à moyen terme sur ses principaux marchés dans le monde.

 

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Evolution de la demande d'acier de 2007 à 2020 (Graphique ArcelorMittal)

Mais beaucoup reste encore à faire pour rattraper les niveaux moyens d’avant la crise de 2008 : « La demande continue à croître tant aux Etats-Unis qu’en Europe, mieux aux Etats-Unis », a déclaré David Clarke, expliquant pourquoi son groupe réclame de nouvelles mesures de régulation du commerce international à Bruxelles, en particulier. « Le dumping chinois continue de nuire à nos emplois, nos positions sur le marché global », poursuit la même source. Ce qui pose la question des niveaux de taxes sur les importations d'acier chinois (13 à 22% à ce jour à Bruxelles; contre 64 à 91% à Washington.

 

La demande finale progresse toujours en 2016

Sur une base 100 en 2007, la demande finale pour l’acier automobile est tout juste en train de remonter en 2016 à plus de 95 en Europe et déjà à 115 aux Etats-Unis, tandis que la demande des utilisateurs finaux des aciers construction est encore à moins de 85 points en Europe contre un peu moins de 95 points aux Etats-Unis. La demande d’acier avait chuté de 30% entre 2008 et 2011, rappelle le dirigeant des aciers plats au carbone du groupe à Luxembourg M. Van Poelvoorde.

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Développer les aciers auto et structures (Ph Archives MPE-Média)

La première réponse du groupe aura alors été de se recentrer sur ses produits phares et à haute valeur ajoutée, comme les aciers haute résistance pour l’automobile ou les aciers structures spécialement élaborés pour des grands chantiers ou des ouvrages d’art, urbains ou industriels. Mais la balance globale demeurait tendue à cause du différentiel de compétitivité entre l’industrie de l’acier européenne, américaine, sud-américaine et chinoise, cette dernière agressant les autres par ses pratiques commerciales déloyales.

 

Bruxelles vient de modifier sa position commerciale

Raison pour laquelle ArcelorMittal demande à Bruxelles de nouvelles mesures douanières sur certains grades d’acier exportés par la Chine sur des bases de prix qui défie toute concurrence non subventionnée par les états comme le fait Pékin pour ses aciéristes.

« Nous avons manifesté cette année à Bruxelles avec Eurofer et les syndicats d’Industri’All pour réclamer une réaction rapide de la Commission européenne », déclare M. Geert Van Poelvoorde, Ceo des aciers plats au carbone pour l’Europe et actuel Président d’EUROFER à Bruxelles, où la commission européenne vient juste de proposer de nouvelles mesures de défense commerciale le 9 novembre dernier.

Du coup, le groupe basé à Luxembourg développe un vaste programme d’innovation et de généralisation des pratiques d’économie circulaire incluant de nouveaux modèles d’affaires, par exemple pour les tôles en acier destinées au BTP, pour les aciers destinés à la mécanique et d’autres références.

 

De nouveaux « produits dérivés »

en cours d’élaboration en 2017

 

ArcelorMittal développe aussi avec sa filiale Lanzatech une formule nouvelle de capture et d’utilisation du CO2 transformé en polymères et travaille avec les cimentiers Lafarge et Holcim au recyclage de ses laitiers et d’autres déchets valorisésd énergétiquement, explique Alan Knight, directeur général du groupe pour la responsabilité sociétale :

« Nous avançons dans l’expérimentation de la production de biofuels à partir de CO2, la capture du CO2 nous conduisant avec nos partenaires d’un projet intéressant à de vraies perspectives de production scientifiquement fondée sur l’exploitation par les chimistes du gaz carbonique de différentes façons incluant de nouvelles molécules », détaille Alan Knight.

« Nous avons avancé avec les cimentiers aussi, ainsi que sur la définition avec les législateurs européens des produits dérivés (« byproducts ») de nos industries », ajoute Philippe Darmayan, Président d’ArcelorMittal France.

 

Il faut revoir la copie "ETS" de Bruxelles, trouver un benchmark carbone plus réaliste

« Nous avons aussi une réflexion en profondeur sur le système des quotas d’émissions de gaz à effet de serre (ETS, Emissions Trading Scheme) à Bruxelles et ne pouvons pas encore parler de volumes et de résultat, cela doit être compris dans le contexte de l’évolution des mesures européennes de réduction des émissions », ajoute Mme Nicola Davidson, Vice-présidente d’ArcelorMittal en charge de la communication corporate.

EUROFER demande ces jours-ci à la Commission européenne de revoir sa copie ETS pour la période 2021 à 2030, les industriels de l'acier ne pouvant pas garantir leur compétitivité avec un coût du carbone passant à 28 euros/tonne de CO2 émis, tout en finançant des recherches pour stopper leurs émissions. 

Le groupe demande à Bruxelles en conséquence de rechercher un benchmark carbone plus réaliste, prenant en compte les obligations des électro-intensifs vis-à-vis du secteur énergie, rééqulibrant les charges pour les aciéristes globaux, évitant les fuites de production d'acier dans les pays émergents, note Geerd Van Poelvoorde.

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Pour Greg Ludkovsky, patron de la R&D du groupe, l’imagination des chercheurs résoudra les questions ouvertes par la recherche de produits totalement durables (Ph MPE-Média)

« Nous travaillions au développement durable de nos propres moyens de production d’acier. Nous devons nous assurer que toutes nos productions, pour l’automobile, pour la construction, pour la mécanique et d’autres secteurs soient totalement éco-conçues et amies de l’environnement », explique Greg Ludkovsky, Vice-Pdt en charge de la recherche sur le plan mondial.

« L’acier génère beaucoupp moins de CO2 du minerai ou de la ferraille aux produits finaux que ses concurrents comme l’aluminium ou même les plastiques », démontre Greg Ludkovsky chiffres à la clé en tonnage de CO2 par tonne d’acier produite dans son groupe. Une nouvelle plate-forme « durabilité et nouveaux produits » sera officialisée en 2017 par le géant de l’acier.

ARCELORMITTAL dispose d’une douzaine de centres de recherche répartis sur la planète, qui rapportent tous à l’équipe de direction de M. Ludkovsky, basée à Maizières-lès-Metz (France) et à Chicago (Etats-Unis).

Greg Ludkovsky cite Einstein en fin de démonstration des différents enjeux de la conquête de la production durable d’acier, soulignant que l’empreinte carbone de l’automobile (plus de 7%) est beaucoup moins élevée que celle du secteur de la construction (43% des émissions mondiales) : « Le véritable signe d’intelligence n’est pas la connaissance, mais l’imagination ».

« Nous devons continuer à nous concentrer sur de nouveaux produits et à jouer la carte de l’excellence », conclut Geert Van Poelvoorde, qui inaugurait récemment une nouvelle unité du groupe à Gand, en Belgique.

 

Blockchain et datas : le point de vue de M. Ludkovsky

Interrogé par nos soins sur les mesures prises par le groupe pour protéger ses données et ses réseaux IT, Greg Ludkovsky est formel :

« Nous avons actuellement une vraie question en cours d'étude à propos de nos politiques de sécurité. J'ai eu une audition interne la semaine dernière à ce propos. La sécurité de nos réseaux et la protection de nos systèmes IT fait l’objet d’intenses recherches. C’est incontestablement une question clé pour nous aussi, car nous ne pouvons pas risquer d’être attaqués ni perdre en flexibilité entre nous à cause de moyens de protection trop complexes ou onéreux ».

Christophe Journet

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Voir aussi sur :

www.arcelormittal.com

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