BRUXELLES (MPE-Média) - Réunis en novembre à Bruxelles par la Confédération européenne des industries du papier (CEPI), les principaux acteurs du secteur interrogaient leurs marchés tant primaire que pour les matières issues du recyclage et les marchés corrélés comme celui de l'énergie et du bois qui progressent en 2016. Le Président du CEPI Peter Oswald nous dit pourquoi, comment, quelles réponses ces industries peuvent donner post COP22.

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Peter Oswald, Président et Sylvain Lhôte, Directeur général du CEPI (Ph CJ MPE-Média)

En 25 ans de travail pour le groupe Mondi qu’il préside, Peter Oswald devenu Président du CEPI en 2015 a probablement toujours recherché ce qu’il a trouvé au sein du CEPI, un moyen de « provoquer la transformation de l’industrie en Europe », sur le chemin d’une « bio-économie à la fois bas-carbone et préservant la ressource », le thème abordé cette semaine par la Confédération des industriels du papier définissant leur feuille de route et d’investissement pour les années à venir :

« Cela demandera une hausse de 40% des niveaux d’investissement d’ici à 2050. Nous avons tous beaucoup investi dans les technologies nouvelles pour créer de nouveaux produits, vous avez pu voir ces jours-ci combien le commerce international nous préoccupe, aussi », explique Peter Oswald.

« Nous avons besoin d’exporter facilement et cela devient compliqué, par exemple avec l’Ukraine à cause des tensions avec la Russie ; cela montre à quel point l’Europe doit affiner ses outils de défense commerciale pour éviter les effets boomerang. Par ailleurs le taux de recyclage a encore augmenté de près de 7% en un an », poursuit le Pdt du CEPI.

 

« Nous avons une vision, nous avons besoin d’une politique de réduction des coûts »

Présentant le nouveau Directeur général du CEPI Sylvain Lhôte, qui arrive du secteur de l’industrie de l’aluminium, M. Oswald a noté que ce dernier maîtrise déjà l’essentiel des sujets sur lesquels l’attendent ses adhérents de la papeterie. Notamment des questions de régulation des marchés, de tenue des objectifs climatiques suite à l’accord de Paris : « nous avons une vision, nous avons besoin d’une politique de réduction des coûts des questions climatiques, des schémas de négoce des émissions (ETS) pour rester compétitifs face aux américains et aux chinois qui n’ont pas encore payé le coût de la réduction des émissions », déclare Sylvain Lhôte durant cette prise de contact.

L’industrie du papier investit près de 3 à 3,5 milliards d’euros par an en Europe. La dépense capitalistique requise pour déployer des technologies de décarbonisation des procédés et développer de nouveaux bio-produits demanderait en l’état un prix additionnel de 44 milliards d’euros d’ici à 2050 soit 40% de plus que les coûts déjà engagés par nos industries, explique le CEPI. Les grandes orientations de la nouvelle feuille de route du CEPI devraient être présentées aux investisseurs et aux actionnaires par les firmes adhérentes d’ici au premier semestre 2017.

Chez les papetiers comme chez les sidérurgistes ou les chimistes, l’épée de Damoclès des décisions en cours sur le prix du CO2 encore non fixé et sur le moyen de financer les investissements évoqués plus haut quels que soient les produits concernés – l’imprimerie, l’emballage, etc.- reste un vrai souci.

 

CEPI/EPW : Les conditions du marché global de la fibre meilleures qu’en 2015

BRUXELLES (MPE-Média) – Le contexte économique global décrit par Kurt Schaefer (RISI) est plutôt bon pour une reprise des activités du secteur de la pâte à papier issue de la fibre de bois.

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Les mots associés par les américains au thème de la forêt (source Innventia)

La production mondiale de papier et carton continue à progresser, même lentement, à près d’1%/an pour les papiers graphiques, d’emballage, de spécialité et devrait continuer à augmenter malgré une forte volatilité ambiante, explique Kurt Schaefer, soulignant que le papier industriel voit son volume grossir surtout dans le secteur de l’emballage.

« Il faut voir comment la baisse de la demande de papier graphique et pour la presse a chuté avec la hausse soudaine des expéditions de smartphones dans la foulée de la crise financière », explique M. Schaefer.

La progression des volumes de papier à recycler ou recyclé est nette dans la période, ainsi qu’en amont la demande en fibre issu de bois blanchi, ajoute l’expert de RISI, qui relève une forte volatilité des prix globaux.

Au Brésil, où la production de fibre continue d’augmenter, plusieurs lignes de production doivent encore voir le jour d’ici à 2019. En 2016, une dizaine de projets ont vu le jour dans plusieurs pays d’Europe, d’Asie et d’Amérique.

Si les prix augmentent, les coûts de production des usines croissent aussi, notamment du côté énergie, informatique et logistique. Sur ce plan, les Etats-Unis, l’Asie et l’Europe souffrent plus que l’Amérique du sud qui profite encore de meilleurs conditions de marché, note M. Schaefer.

Les prix domestiques des grades OCC (old corrugated containers) ont augmenté en Europe, aux Etats-Unis et en Chine en 2016, précise l’expert, tout comme les grades ONP (old news print).

C.J.

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CEPI/EPW :

Politiques industrielles et règlementations et leurs impacts

BRUXELLES (MPE-Média) – En charge des politiques industrielles et de la règlementation pour le CEPI, Bernard Lombard présentait ce 24 novembre dans le cadre de la semaine européenne du papier les mesures à prendre en compte pour mieux performer dans l’industrie du papier-carton, de l’amont à l’aval.

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Le dernier texte européen dédié aux industries « bois et forêts » dont celles des produits en aval, fibre, pâte à papier date de 2016. Les « forest-based industries « (F-BI dans le jargon de Bruxelles) incluent la transformation du bois, le meuble, la production de fibre et de pâte à papier, leur transformation et l’impression, explique Bernard Lombard (ph MPE-Média)

Lorena Rivera Leon (Technopolis Group, consultant spécialiste des politiques publiques) et ses collègues Kastalie Bougas, Julien Ravet ont réalisé une étude sur les impacts de coûts des principales mesures et lois européennes régissant le secteur.

La Direction générale croissance de la Commission européenne en charge du marché intérieur a commandé cette étude, visant à analyser les motifs d’élaboration des textes émis par Bruxelles et leurs effets sur les coûts ajoutés pour les industriels par le respect des dits textes.

Les analystes de Technopolis ont ainsi sérié six catégories de produits et décrit leurs chaînes de valeur depuis la première transformation du bois jusqu’à l’aval, en observant les structures de coûts entre matières premières, énergie et autres coûts, notamment pour la fibre et la pâte à papier et le papier.

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Les structures de coûts diffèrent entre l'Europe, la Chine, le Brésil, les Etats-Unis (Source Technopolis Group)

L’équipe de TG a comparé ces structures de coûts avec celles d’autres régions du monde pour les mêmes productions (Brésil, etc.), passant en revue les coûts directs, monétaires, obligataires, administratifs, indirects (ETS) et les relations avec les « paquets » règlementaires auxquels elles sont reliées : concurrence, climat, environnement, forêt, travail et emploi, produits, transport et logistique, commerce et politique des commodités.

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Parts des coûts réglementaires dans l'industrie du papier en Europe (Source Technopolis)

 

Une quinzaine de compagnies, 80 usines auditées

« Pour la fibre et le papier, toutes ces lois s’appliquent », explique Lorena Rivera Leon, évoquant les entretiens conduits avec une quinzaine de compagnies suivis par des ateliers d’interprétation et de validation, par l’édition en ligne d’une conclusion et du renvoi à des données économiques émises par le CEPI ou par le groupe RISI spécialiste du marché du papier.

Au total, l’étude concerne près de 80 usines réparties dans une dizaine de pays de l’Europe du nord à celle du sud. Au final, les conclusions de l’équipe de TG analysent les impacts sur le chiffre d’affaire, la valeur ajoutée, la profitabilité, l’EBITDA et l’EBIT des Compagnies, le coût en euro/tonne produite, l’impact des ETS sur la production. Dans le cas traité (fibre, papier, carton), les coûts indirects représentent près du double des coûts fonctionnels directs dans la période allant de 2005 à 2014, note Kastalie Bougas.

L’étude permet de voir les différences entre les périodes sans droits d’émissions et celles avec « sur-allocation de droits d’émissions », 2007 en particulier qui constitue un pic sur les graphiques présentés. Ainsi, le « paquet climat » représente à lui seul 30% des coûts ajoutés après son entrée en vigueur.

 

L’équipe de TG a ensuite analysé les coûts attendus à l’avenir de 2014 à 2030 :

  • - Feuille de route vers une économie bas carbone compétitive d’ici à 2050
  • - Paquet climat et énergie jusqu’en 2030
  • - Feuille de route énergie jusqu’en 2050

 

« Les propositions pour la qualité de l’air s’ajoutent à celles déjà émises pour la période », note Kastalie Bougas.

Les règles concernant la coupe du bois, les substances dangereuses, carcinogènes, etc., les évolutions des ETS, de leurs directives, les règles sur les déchets, l’emballage, les déchets d’emballage, l’empreinte environnementale des procédés et produits sont alors à prendre en compte.

Au final, la lecture des résultats de cette étude conduit inévitablement à se poser la question de l’existence d’une étude analogue pour les autres régions du monde, pour pouvoir comparer point par point les différents postes de coûts additionnels et en déduire un différentiel de compétitivité.

Reste à présent à la Commission, au CEPI, aux autres acteurs à analyser les conséquences de ces constats sur la compétitivité des indutriels du papier-carton à l’échelle globale, ce qui est en soi un autre défi.

« C’est un travail considérable qui a été accompli par TG, tant sur le plan de la connaissance des textes règlementaires que pour la collecte et l’étude des chiffres, des coûts, dans chaque secteur et compagnie audités », conclut Sylvain Lhôte, nouveau Directeur du CEPI.

 

Christophe Journet

Rédacteur en chef

Voir aussi sur :

www.cepi.org/epw

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