PARIS (MPE-Média) – L’association paneuropéenne des producteurs de matières plastiques PlasticsEurope appelle à généraliser la collecte sélective des déchets pour faire décoller le recyclage des plastiques en France comme en Europe. Détails.

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Jean-Yves Daclin ouvrant la conférence de presse sur l’économie circulaire des plastiques (Ph MPE-Média)

 

Les chiffres et données réunies par PlasticsEurope pour décrire l’économie circulaire des plastiques et son évolution récente de 2016 à 2021 ont été présentés ce 21 juin par Jean-Yves Daclin, directeur de l’organisation à Paris. Ces chiffres montrent à la fois des progrès mais confirment que beaucoup reste à faire pour entrer vraiment dans une économie circulaire de ces matières : « En Europe et surtout en France, la collecte non sélective des déchets plastiques reste un handicap clé ainsi que le souligne le rapport The Circular Economy for Plastics réalisé par PlasticsEurope. *

 

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Les niveaux de consommation de plastiques par secteur d’activité de 2016 à 2021 en Europe (source PlasticsEurope / Eurostat sur une base 100 en 2015)

 

En commençant par dire que la production automobile européenne souffre toujours d’une pénurie de semi-conducteurs et puces électroniques qui freine sa consommation de plastiques et en notant que la production pour l’ensemble des matières plastiques, tous usages confondus, était l’an dernier en hausse de +10,2%, Jean-Yves Daclin a ensuite déclaré que « l’économie française a plus souffert que celle des autres pays d’Europe en 2020 et 2021 ».

 

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Les niveaux de consommation de plastiques par secteur d’activité de 2016 à 2021 en France (source PlasticsEurope / Eurostat sur une base 100 en 2015)

 

L’emballage reste toujours en 2021 le premier secteur client pour les plastiques avec 43,3% de la demande française, pour 22,3% côté BTP, secteur de nouveau en hausse de 15,7% sur un an à 1,1Mt . La production hors recyclage des plastiques a légèrement augmenté de +2,5% en 2021 après une baisse de -11,3% en 2020. La consommation de matières dans l’emballage a été en baisse de 2017 à 2021 de 2,24 Mt à 2,11Mt. Sauf pour l’automobile, l’activité semble être revenue au niveau d’avant la pandémie à la fin 2021, même avec des nuances notables d’un secteur d’activités à l’autre.

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(Source Eurostat / Conversio Market & Strategy GmbH)

 

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(Source Eurostat 2015 base 100 / données corrigées des variations saisonnières)

 

Données issues du rapport sur l’économie circulaire des plastiques réalisé en 2022 par PlasticsEurope à partir de constats validés pour l’année 2020

 

Pour l’emballage, on a en moyenne 6% de plastiques recyclés dans les produits vierges (123 000 tonnes en 2020), 14% pour le bâtiment, 3% pour l’automobile, 3% pour les produits électriques, 22% pour les produits agricoles, 2% pour les équipements de la maison et les loisirs, 6% en moyenne pour les autres secteurs d’activités. Soit au total près de 387 000 tonnes (7,8%) en moyenne sur une année pour 4,9 Mt de plastiques vierges utilisés.

 

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Ce graphique donne la mesure des efforts qui restent à à faire dans l’hexagone pour réduire l’enfouissement, mieux trier les plastiques en fin de vie et réduire les pertes durant les opérations de tri et de retraitement de ces déchets (Source PlasticsEurope)

 

L’économie circulaire des plastiques en 2020 évaluée à partir de 6 450 000 tonnes consommées en France correspond à 3 760 000 tonnes de déchets dont 1 159 000 tonnes enfouies (31%), 1 672 000 tonnes valorisées énergétiquement (44%), 929 000 tonnes recyclées (25%), dont 240 000 tonnes exportées, 690 000 tonnes traitées dans les usines de recyclage mécanique qui comptent 250 000 tonnes de pertes ou refus de tri et 440 000 tonnes sortantes de plastiques recyclés. 4 780 000 tonnes de « feedstock » recyclés chimiquement, de déchets de bioplastiques et de feestock fossiles sont distingués du total annuel.

 

La collecte s’améliore (3 760 000 tonnes en 2020 contre 3 128 000 tonnes en 2006). Le secteur agricole vient en tête pour le recyclage grâce à Adivalor avec un taux de 51%, 27% de valorisation énergétique, 22% seulement de mise en décharge. « Ce secteur a créé sa propre filière REP avant la lettre d’une façon volontaire », note Jean-Yves Daclin.

 

En 2020, après l’agriculture qui utilise près d’un quart de recyclé, le bâtiment est le secteur incorporant la plus forte proportion de MPR dans ses produits, tant en France (14% de MPR incorporés, soit 167 kt) qu’en Europe (16,5% / 2 095 kt), loin devant l’emballage (respectivement 6% et 6,6% / 1 393 kt). Par contre, 71% des déchets du bâtiment sont mis en décharge pour 18% seulement qui sont recyclés et 12% qui sont recyclés.

 

En France, en 2020, 2 600 000 tonnes de déchets ménagers ont été recensés, dont 1 570 000 collectés en mélange et 1 030 000 tonnes en collecte sélective dont 480 000 tonnes seulement sont réellement recyclés, 360 000 tonnes valorisés énergétiquement, 320 000 tonnes mis en décharge. « Lorsqu’on a organisé un mode de collecte sélective on peut atteindre un taux de recyclage élevé », note Jean-Yves Daclin.

 

Pour les déchets d’emballages, en particulier ceux utilisés pour la logistique le rendement en matière de recyclage est beaucoup plus élevé lorsque la collecte est sélective. En Europe aussi, la collecte sélective est jugée essentielle pour le recyclage final réel.

L’exportation de déchets plastiques hors Union européenne s’est réduite considérablement suite à l’opération sword chinoise interdisant les importations de déchets, suivie par les mêmes mesures dans d’autres pays asiatiques.

 

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(Source PlasticsEurope 2022)

 

Ces résultats reflètent la part sans cesse croissante de la circularité dans l’économie des matières et produits plastique. En France, les déchets plastique collectés ont augmenté de 2,6% entre 2018 et 2020 (3 760 kt). La part du recyclé dans la production nationale de matières plastiques a progressé de 12,9% en 2018 à 14,3% en 2020 (15,2% dans l’EU27 + 3), soit 714 kt, répartis entre 387 kt de MPR issues de déchets post consommation et 327 kt issues de déchets pré consommation. Ceci montre que l’on collecte et recycle un peu mieux les plastiques chaque année, note PlasticsEurope.

 

« Ce qui semble important c’est que la part du recyclé progresse. La France est en retard concernant le volume mise en décharge. Pour développer l’économie circulaire il faut développer la collecte sélective ce qui demande un engagement de tous, un effort collectif sur l’ensemble de la chaîne de valeur : les emballages collectés séparement sont envoyés au recyclage pour 77% des volumes », conclut Jean-Yves Daclin. « On ne distingue pas les polluants des déchets non triés, par exemple. Si on a des restrictions d’exportations hors Europe cela ne nous gêne pas, mais il faut pouvoir faire circuler les déchets au sein de l’UE », note Jean-Yves Daclin.

 

PlasticsEurope estime que la réforme des REP par décret et visant à favoriser l’extension des consignes de tri peut être une bonne chose mais note que c’est perturbant pour les collectivités et pour les recycleurs : « Ce qui peut inquiéter c’est le fait de donner la propriété des matières collectées aux éco-organismes », modère le Directeur de PlasticsEurope, qui suit le devenir de l’action menée auprès du Conseil d’État : « Pour autant, l’existence d’une REP n’est pas en soi une garantie de succès. La collecte en mélange apparait clairement comme le maillon faible qui freine le développement de l’économie circulaire des plastiques. Sur les 2 150 kt de déchets plastique collectés en mélange, seule une infime partie est envoyée au recyclage (environ 50 kt). Le cas des emballages est éloquent : seul un gros tiers (soit 780 kt) des emballages est collecté séparément et peut ainsi être envoyé au recyclage à hauteur de ... 77% (600 kt) !

Pire, la collecte en mélange est également trop souvent synonyme de mise en décharge, pour plus de 40% de l’ensemble des déchets concernés. »

 

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(Source Circular Economy of Plastics 2020 in EU27 + 3 / Conversio market & Strategy GmbH)

Le mode de calcul des volumes collectés, triés, retraités n’est toujours pas harmonisé entre les 27 pays de l’Union européenne, a fortiori avec les données recensées dans les pays hors OCDE ou en développement, ce qui rend les statistiques réunies par PlasticsEurope intéressantes mais encore à affiner : l’Allemagne compte ses volumes de déchets en amont des centres de tri alors que la France les évalue en sortie des centres de tri matière par matière ce qui explique en partie le mauvais classement de l’hexagone à l’échelle de l’UE.

 

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D’où la conclusion de PlasticsEurope : « De tels constats appellent aux efforts de tous et à une volonté politique forte pour en finir avec le gâchis de ressources induit par la collecte en mélange, dont la part en France (57,2%) reste supérieure à la moyenne européenne (50,8%). Au niveau européen, la collecte sélective permet de recycler une proportion de plastiques 13 fois plus élevée que la collecte en mélange. Sa montée en puissance est la condition sine qua non de la circularité des plastiques, y compris pour le recyclage chimique. »

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

* https://plasticseurope.org/wp-content/uploads/2021/10/20191206-Circular-Economy-Study.pdf


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