PARIS (MPE-Média) – L’Observatoire Compétences Industries (OPCO 2i) a réalisé en 2022 une évaluation de l’évolution causée par la transition écologique et de son impact sur les métiers et les compétences à l’horizon 2025. Détails.

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(Source OPCO2i)

Cette étude* met en évidence les enjeux partagés au niveau inter-industriel et les spécificités de chaque branche professionnelle. Elle permet de mettre en perspective les formations existantes et les nouveaux besoins émergeants nécessaires à l’accompagnement adéquat de toutes les filières de l’inter-industrie. Cette étude a été cofinancée par le Ministère du travail, de l’emploi et de l’insertion dans le cadre du plan d’investissement dans les compétences (EDEC Prospective compétences interindustriel).

 

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(Source OPCO2i)

Cette étude de l’OPCO2i montre bien également que « la consommation de matières premières a un impact environnemental élevé pour 70% des branches professionnelles représentant 80% des entreprises et elle figure dans le top-3 des enjeux stratégiques de toutes les tailles d’entreprises enquêtées. Elle reprend assez exactement les constats qui nous ont conduit à créer Matières Premières Énergies Média voici plus de dix ans.

L’OPCO2i note que « La transition écologique dans l’industrie s’articule autour de 6 axes : Consommation de matières premières (origine, recyclabilité…) ; Consommation d’énergie (type d’énergie, intensité énergétique des process…) ; Émissions de gaz à effet de serre (intensité carbone des process, type d’énergie…) ; Qualité de l’air (émissions de gaz, particules, composés organiques volatils...) ; Sols, Eau et Biodiversité (pollution des milieux, consommation d’eau…) ; Effluents liquides et Déchets (volumes, dangerosité, recyclabilité...). »

 

Matières premières et énergie : 2 enjeux interindustriels majeurs

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(Source OPCO2i)

La consommation de matières premières affiche un impact environnemental élevé pour une très large majorité de branches professionnelles et la consommation d’énergie pour la moitié d’entre elles.

Les défis sont multiples : développement de matières premières alternatives (recyclées, biosourcées…), réduction de la matière utilisée ; évolution vers un sourcing plus local ; mise en place d’équipements moins énergivores ; développement de l’électrification des procédés ou encore recours accru à des énergies renouvelables. La plupart des défis soulevés par la transition écologique et ses 6 axes d’actions supposent que des solutions alternatives existent. Or, les difficultés à s’approvisionner en matières premières alternatives et à accéder à une technologie sont les principaux obstacles rencontrés par les entreprises dans leur transition. Ces difficultés sont indiquées par 1 entreprise sur 2 confrontée à des difficultés d’agir. Parallèlement, la transition écologique peut être un levier de compétitivité pour les entreprises à travers la réduction des consommations d’énergie, de matières ou de déchets.

 

La gestion des déchets : 1er enjeu cité par les entreprises

 

La gestion des déchets est le premier enjeu cité par les entreprises interrogées, devant les consommations de matières premières et d’énergie, surtout en ce qui concerne les TPE et PME. Les industries sont très impliquées dans la gestion aval des déchets (trier, orienter), d’autant que la réglementation les responsabilise (élimination des déchets, produits arrivés en fin de vie). Les industries s’impliquent par ailleurs de plus en plus sur l’amont, à travers de nouvelles façons de concevoir les produits, les process et la logistique, en vue de réduire les volumes de déchets, d’intégrer davantage de matières recyclées issues de déchets ou de mieux valoriser leurs déchets.

 

Les situations hétérogènes des industries face aux enjeux

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(Source OPCO2i)

La prise en compte de toutes les intensités d’impact fait apparaître une typologie des différentes branches professionnelles. Les branches très exposées à des enjeux élevés constituent le groupe le plus important : principalement des industries lourdes et de production d’énergie, mais aussi des industries plus légères, énergivores, consommatrices de produits chimiques et susceptibles de produire des effluents pollués ou des déchets dangereux. A l’inverse, plusieurs branches professionnelles présentent de moindres enjeux de transition écologique : il s’agit notamment de branches dont les entreprises ont une activité importante de services ou d’assemblage peu impactante pour l’environnement.

 

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(Source OPCO2i)

• L’impact de la consommation des matières premières est élevé lorsque les industries utilisent des matières non renouvelables (pétrole, minerai), ou d’importants volumes de métaux, plastiques, produits chimiques, ou des matières nécessitant une importante quantité d’énergie à fabriquer ou transformer, ou lorsque les matières sont importées de pays hors d’Europe. Les industries lourdes sont principalement concernées. Les matières premières figurent dans le top-3 des enjeux clés de la stratégie des entreprises enquêtées, quelle que soit leur taille.

 

• Diminuer l’impact environnemental de la consommation de matières premières implique d’agir sur différents domaines : en conception des produits (développer l’utilisation de matières recyclées, de coproduits ou de matériaux biosourcés sans concurrence alimentaire), en conception des process (réduire la matière utilisée) et en gestion des approvisionnements (développer le local, intégrer des critères environnementaux dans les appels d’offre).

 

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(Source OPCO2i)

• Ces leviers supposent l’existence d’une chaîne de valeur permettant des approvisionnements en qualité, en quantité et à des prix compétitifs. Or, la difficulté d’approvisionnement en matières premières alternatives constitue le premier obstacle à la transition écologique, indiqué par une entreprise sur deux.

 

La consommation d’énergie a un impact environnemental élevé pour près de 50% des branches professionnelles et elle figure dans le top-3 des enjeux stratégiques de toutes les tailles d’entreprises enquêtées.

 

• L’impact est élevé lorsque les industries utilisent de l’énergie fossile ou lorsque l’efficacité énergétique des process n’est pas optimale. Les industries lourdes et la production d’énergie sont principalement concernées. La consommation d’énergie figure dans le top-3 des enjeux clés de la stratégie des entreprises enquêtées, quelle que soit leur taille.

 

• Diminuer l’impact de cette consommation implique la mise en œuvre de solutions réduisant les gaspillages d’énergie, l’acquisition d’équipements productifs moins énergivores, l’électrification des procédés ou encore le recours à des énergies renouvelables.

 

• Réduire la consommation d’énergie des utilités et des procédés constitue donc un important levier de compétitivité pour les industries.


La R&D, les achats, la logistique très concernés

L’étude de l’OPCO2i confirme aussi qu’ « alors que toutes les technologies de réduction d’émissions de GES nécessaires pour atteindre la neutralité carbone ne sont pas encore disponibles au niveau industriel, la fonction « Recherche et développement » (R&D) apparaît au cœur de la transition écologique. Outre le développement de nouvelles technologies « vertes » (capture de carbone, hydrogène, machines et équipements électriques...) la fonction R&D participe également à la réduction de l’empreinte environnementale des produits (produits éco conçus, recyclables, plus durables dans le temps...) et des process. Dans ce contexte, les enjeux réglementaires, sociétaux, économiques ou encore d’approvisionnement associés à la transition écologique modifient – parfois en profondeur – les activités de recherche et développement et appellent ainsi au développement ou au renforcement de certaines compétences. »

 

Les services d’achats sont également en première ligne de la transition : « L’acheteur(se) est amené(e) à rechercher et sélectionner des fournisseurs en fonction de la stratégie d’achat de l’entreprise. Le renforcement de critères environnementaux dans les stratégies d’achat, le devoir de vigilance ou encore la nécessité d’identifier de nouvelles filières de matières premières sont autant d’éléments susceptibles d’impacter les fonctions achats. Alors que 27 branches professionnelles sont concernées à un niveau élevé par l’enjeu de consommation de matières premières, la mise en œuvre d’une politique d’achats responsables est un levier de transition écologique fort pour l’entreprise. Dans l’industrie, la chaîne d’approvisionnement représente 70% des émissions de GES (source : Ecovadis). La notion d’achats responsables est intégrée à la norme ISO 26 000 (responsabilité sociétale de l’entreprise) », précise l’étude.

 

  • « Avec davantage d’entreprises envisageant de travailler avec les fournisseurs sur de nouvelles attentes, les besoins se développent pour des profils maîtrisant des filières alternatives d’approvisionnement (matières biosourcées, matières recyclées) ; des profils capables d’intégrer des critères environnementaux pour s’adapter à l’évolution vers une politique d’achat responsable ; et des profils maîtrisant les évolutions réglementaires en lien avec ces sujets », peut-on lire dans la synthèse de cette étude.

 

Le rôle de l'ingénieur de demain

Enfin, l’étude OPCO2i confirme que « l’ingénieur de demain jouera un rôle clé dans la transition écologique de l’industrie, notamment dans le cadre de ses responsabilités en conception. La transition écologique permettra de renforcer l’attractivité de l’industrie pour ces profils, dans un contexte où les effectifs d’ingénieurs seront amenés à progresser pour intégrer les enjeux de transition (R&D sur de nouvelles technologies, éco-conception, ACV, nouveaux matériaux...). Au-delà du renforcement de certaines compétences techniques, l’ingénieur de demain sera amené à s’interroger plus en profondeur sur son rôle pour agir de façon responsable et durable. Les ingénieurs devront notamment adopter une approche plus systémique, holistique pour mieux comprendre l’impact des produits et des technologies sur l’environnement et arbitrer sur ces critères. Les ingénieurs devront par ailleurs faire preuve de pédagogie, en interne comme en externe, pour favoriser l’acceptabilité de certaines solutions techniques/technologiques. »

 

Autre conséquence importante : « La transition écologique induirait des hausses d’effectifs et serait un levier d’attractivité pour les profils les plus qualifiés », assurent les auteurs de cette étude.

 

  • 30% des entreprises enquêtées tablent sur une hausse nette des effectifs d’ingénieurs & chercheurs, d’agents de maîtrise & techniciens supérieurs à l’horizon de 3-5 ans. Les effectifs d’opérateurs & techniciens seraient positivement impactés dans une moindre mesure (hausse nette : 14%) et les effectifs d’employés ne seraient quasiment pas impactés.
  • 7/10 entreprises enquêtées estiment que la transition écologique renforcera l’attractivité de l’industrie pour les profils les plus qualifiés.

 

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(Source OPCO2i)

L’étude évoque aussi les enjeux de la formation pour les différents métiers en évolution, et les nouvelles activités qui en découleront tant dans l’industrie que dans le secteur tertiaire. Par exemple, le secteur de la construction (via l'ADEME, le CCA-BTP...) met en avant de façon très claire la contribution de ses activités et de ses métiers à la transition écologique dans l’optique d’attirer des talents. Le secteur est également présenté sous l’angle de la « rénovation énergétique », créant ainsi un lien direct entre Construction / bâtiment et transition écologique.

 

L’OPCO2i conclut que « la transition écologique n’est pas un choix mais une nécessité. C’est également un levier de compétitivité pour les entreprises. Certaines réponses aux enjeux de transition doivent être collectives, à l’échelle de la branche, du pays ou même de l’Europe (réduction des coûts associés au déploiement des solutions, lutte contre la concurrence déloyale – dumping – sur le plan environnemental, complexité de la mise en œuvre des solutions...). L’ampleur des changements est telle qu’un travail en collaboration sera nécessaire pour relever le défi écologique. »

 

LA RÉDACTION

 

À propos d’OPCO 2i - OPCO 2i est l’opérateur de compétences interindustriel. Il représente plus de 60 000 entreprises et environ 2 800 000 salariés pour 117 milliards de masse salariale. OPCO 2i rassemble 32 branches professionnelles : Fabrication de l'ameublement ; Menuiseries, charpentes et constructions industrialisées et portes planes ; Panneaux à base de bois ; Jeux, jouets et puériculture ; Caoutchouc ; Chimie ; Industries électriques et gazières ; Services d'efficacité énergétique ;Textile ; Habillement ; Maroquinerie ; Industrie de la chaussure et des articles chaussants ; Couture parisienne ; Cuirs et peaux ; Cordonnerie multiservice ; Bijouterie, joaillerie, orfèvrerie ; Horlogerie ; Carrières et matériaux ; Industries céramiques ; Ciments ; Tuiles et briques ; Chaux ; Fabrication mécanique du verre ; Cristal, verre et vitrail ; Métallurgie ; Recyclage ; Industrie Papiers Cartons ; Industries pétrolières ; Industrie pharmaceutique ; Fabrication et commerce des produits à usage pharmaceutique, parapharmaceutique et vétérinaire ; Plasturgie et composites ; Industrie et services nautiques.

 

Voir aussi via https://observatoire-competences-industries.fr

* https://observatoire-competences-industries.fr/wp-content/uploads/2022/09/OPCO2i_OBS_Impact-TE-metiers-competences_Rapport-final.pdf

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