PARIS (MPE-Média) – L’Agence de la transition écologique proposait récemment une webconférence dédiée à la voiture électrique et aux bornes de recharge en France en 2022. Un bilan contrasté. Détails.

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(Source ADEME)

« Le marché du véhicule particulier est en pleine transformation. Le Parlement européen a voté le 8 juin 2022, la fin des ventes de voitures neuves thermiques en 2035, une étape majeure pour atteindre la neutralité carbone en 2050 », notent les ingénieures de l’ADEME.

« Aujourd’hui, le parc automobile français entame une phase d’électrification massive. En 2021, pas moins de 174 000 véhicules légers 100% électriques ont été vendus contre 28 300 en 2016, soit une multiplication des ventes par plus de 6 en 5 ans, représentant aujourd’hui une part de marché de près de 13,5%. Par ailleurs, la France comptait au 31 juillet 2022, 66 960 points de recharge ouverts au public, soit une évolution de 49 % de leur nombre en un an », continue l’ADEME.

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(Source ADEME)

En cette veille du Mondial de l’Auto de Paris, l’étude de l’ADEME sur la progression du marché des véhicules électriques (VE) ou hybrides rechargeables (VHR) montre qu’il reste encore beaucoup à faire pour rendre ces véhicules accessibles à une majorité de français, avec un prix moyen des VE neuves d’environ 40 K€ et de près de 55 K€ pour les VHR.

Loin des premiers discours sur ces voitures, l’étude montre que « le véhicule électrique n’est pas neutre en carbone, mais son impact carbone est 2 à 3 fois inférieur sur sa durée de vie à celui d’un modèle similaire thermique, à condition que sa batterie soit de capacité raisonnable (<60 kWh) ». Ce qui suppose de choisir une batterie adaptée à l’usage majoritaire du véhicule, d’une part, d’augmenter les capacités de reyclage des batteries, d’autre part.

Le coût total de possession d’une VE comprenant achat, énergie, entretien, assurance varie entre 38 000 et 60 000€ selon la puissance de sa batterie de 40 à 80 kWh, ajoute David Marchal, expert de l’ADEME, qui note utile de favoriser l’offre de véhicules plus accessibles budgétairement.

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(Source ADEME)

 

Concernant les points de recharge, Nicolas Doré explique qu’il faut faire l’effort de renforcer le développement de ces infrastructures y compris en entreprise, en favorisant les techniques de pilotage de la recharge.

L’autonomie des VE et des VHR est à interroger dans « un écosystème de mobilité en pleine transition », notent les experts de l’ADEME. En particulier pour la mobilité longue distance : le recours accru au train, le développement de services de véhicules adaptés sur les lieux touristiques et le « lissage de la demande de mobilité longue distance » sont cités comme des éléments de réponse aux limites de ces nouveaux véhicules.

 

Le « véhicule to grid » possible dans un second temps

Concernant le « véhicule to grid », Nicolas Doré nous répond que la réserve d’énergie constituée par des quantités de VE branchées sur des bornes de recharges pourrait effectivement être intéressante à condition de résoudre des questions techniques complexes d’ici cinq à dix ans au mieux : « Pour un particulier le fait de mettre à disposition sa capacité de stockage au gestionnaire de réseau serait monnayable ».

Bertrand-Olivier Ducreux rappelle que l’offre de VE ou de VHR est aussi diversifiée que celle des véhicules thermiques : « Choisissons plutôt dans un premier temps un véhicule avec une batterie de 60 kWh moins impactante qu’une plus puissante pour l’environnement ».

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(Source ADEME)

Pour Nicolas Doré, la bonne élaboration d’un schéma directeur de développement des bornes de recharge et sa gestion par ENEDIS seront déterminants dans le développement de la mobilité électrique. D’autant que la recharge « haute puissance » n’est possible que pour des VE haut de gamme pouvant se charger à des bornes de 350 kWh, comme sur les autoroutes, ajoute l’expert. Et le développement de milliers de bornes de recharge sur le territoire n’est pas sans poser un problème d’artificialisation des sols où qu’elles soient installées, confirme David Marchal en charge de ces sujets pour l’ADEME. Fin 2022, les aires de service des autoroutes seront toutes équipées dans l’hexagone, objectif fixé par l’État soutenu par un plan France 2030 et l’ADEME. 700 000 points de charge sont installées à ce jour.

Bertrand-Olivier Ducreux relève aussi que la demande de véhicules d’occasion s’est beaucoup développée en France pour des raisons économiques : « on voit émerger toute une offre de VE moins coûteux et moins lourd que l’ensemble du marché, thermique inclus ».

 

Deux questions : L’impact extraction de métaux et leur recyclage

L’impact de l’extraction des métaux critiques « est un vrai sujet » note David Marchal, « une vraie question, on entend les spécialistes du BRGM en parler, il y a des gisements en France de tungstène, de lithium dans les eaux géothermales, ça va prendre du temps. C’est important que cette question soit abordée par les pouvoirs publics, comme celle du recyclage des batteries ». Nicolas Doré cite « un règlement européen de 2006 obligeant le retraitement des batteries, en cours de discussion, qui va imposer une part de lithium recyclé dans la fabrication des nouvelles batteries ».

« L’augmentation de la capacité et de la performance des usines de recyclage des batteries en Europe est en enjeu clé pour la prochaine décennie. Toutefois, en raison de la taille croissante du marché et des limites du recyclage, la sécurisation des approvisionnements dans les métaux nécessaires à la fabrication des batteries (lithium, cobalt, nickel, graphite) devient également un sujet stratégique qui nécessite une concertation à l’échelle européenne », précise l’ADEME.

 

L’ADEME a par ailleurs lancé un appel à projet baptisé « l’extrême défi » (XD) pour créer les véhicules de demain : L’Extrême Défi (ou XD) est une démarche collective en coopétition lancée par l’ADEME, dont l’objectif est d’imaginer, prototyper et produire de nouveaux véhicules sobres, durables, légers, simples et peu coûteux, remplaçant la voiture pour les déplacements du quotidien dans des territoires urbains, péri-urbains et ruraux : trajets domicile-travail, courses et loisirs du quotidien, logistique. Ces véhicules se veulent sobres et efficaces, utilisant des composants standards, recyclables. Grâce une faible masse et une plus grande efficacité, ces véhicules nécessitent moins de batterie, améliorant l’empreinte carbone du véhicule. 43 équipes sont engagées dans ce défi. Les candidats ont jusqu’au 21 octobre pour présenter leur projet. L’année 2023 sera dédiée aux prototypes en usages réels et l’année 2024 au passage des prototypes aux pré-séries et sites de production.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

Voir aussi via https://xd.ademe.fr

https://librairie.ademe.fr/mobilite-et-transport/5877-avis-de-l-ademe-voitures-electriques-et-bornes-de-recharges.html

www.ifpenergiesnouvelles.fr/sites/ifpen.fr/files/inline-images/NEWSROOM/Communiqu%C3%A9s%20de%20presse/E4T2040_2022_FR_PaP.pdf

https://librairie.ademe.fr/mobilite-et- transport/4590-etude-retrofit.html

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