PARIS/BRUXELLES (MPE-Média) – La Fédération des producteurs de matières plastiques PlasticsEurope présentait récemment une étude du consultant européen Systemiq intitulée « Reshaping Plastics », sur fond d’économie circulaire et d’augmentation des collectes et du retraitement/recyclage des déchets plastiques. Détails.

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(source SYSTEMIQ (2022). ReShaping Plastics: Pathways to a Circular, Climate Neutral Plastics System in Europe)

Menée durant environ une année, cette étude visant à « stopper la vague plastique » n’est pas une étude sur la pollution plastique, un enjeu plus mondial qu’européen, Systemiq notant que la décarbonation industrielle est le premier objectif pour la région. Elle vise à établir cinq scénarios qui pourraient permettre aux industriels du plastique de décarbonner leurs procédés, en travaillant sur des actions gigognes à mettre en œuvre de façon successive pour viser le « net zéro carbone ».

Quatre secteurs d’applications des plastiques représentant 75% de la demande européenne actuelle ont été examinés (36,9Mt) : l’emballage, la construction, les biens de consommation, l’automobile, ceux qui génèrent le plus de déchets.

« Chaque année, il subsiste un décalage entre la demande (51,4Mt en 2019), le volume des déchets récupérés (29,1Mt) d’où résulte un écart de 22,3Mt, dont 8 à 15 Mt restent non ou mal comptabilisés », explique Jean-Yves Daclin, Directeur de PlasticsEurope à Paris. « Chacun a un stock de produits avec du plastique chez soi qui ne sont plus utilisés et sortent de ces chiffres statistiques », précise-t-il, ce qui pourrait constituer une réserve à traiter.

Le premier scénario incluant l’entrée en vigueur des directives ou lois récentes comme la loi AGEC en France ou celles sur la fin de vie des produits et matières en Europe, est qualifié de scénario de référence dans le cadre de cette étude : L’économie des déchets n’est circulaire qu’à 14% en 2019. Pour 25,2Mt de déchets, 3,3Mt sont recyclés mécaniquement, 0,2% chimiquement, 0,1% de déchets autres que plastiques recyclés chimiquement, 12,1Mt incinérés, 6,9Mt enfouies, 2Mt exportés et 0,5Mt sont mal gérés ou dispersés : « si on essaye de se projeter à l’horizon 2030-2050, les actions déjà décidées doivent permettre de passer à 30% de solutions circulaires contre 14% à ce jour. Le marché va croître dans la période, à raison de 1%/an pour l’emballage », poursuit Jean-Yves Daclin.

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(Source SYSTEMIQ (2022). ReShaping Plastics: Pathways to a Circular, Climate Neutral Plastics System in Europe)

Le scénario « circularité » associant toutes les solutions de recyclage devrait permettre d’arriver à un taux de circularité de 78% en 2050 en poussant tous les leviers en même temps : réduction (25%), substitution (4%), recyclage mécanique (27%), recyclage chimique « plastique-to-plastique » (21%, 7Mt) avec des pertes lors du recyclage chimique de matières non plastiques (11%), de l’export (1%), de l’enfouissement (2%), 7% d’incinération, 1% de refus de tri (voir slide ci-dessus – Systemiq))

En 2050, pour 35,8Mt de déchets, 9,1Mt seraient éliminées par réduction, 1,5Mt par substitution. Systemiq explique que l’application ambitieuse d’actions circulaires dans le secteur de l’emballage (18,9Mt) permettrait l’augmenter la circularité du système jusqu’à 91% des volumes : Tout ce qui peut être réduit le serait, les formats seraient allégés, le réemploi est important dans cette hypothèse, la substitution par le papier-carton principalement – avec prudence pour le papier qui nécessite un poids supplémentaire comparé au plastique qui ne disparaît pas complètement – en tenant compte d’analyses au cas par cas d’usage. Une hausse des recyclages mécanique et chimique serait nécessaire dans ce scénario : 82% des déchets collectés sont circulaires.

Observant l’évolution du marché, en croissance même plus faible qu’en 2022, Systemiq estime qu’on arriverait en 2050 à une demande de 18,8Mt d’emballages, dont – 38% par élimination (8%), réutilisation (30%), sans retenir l’impact de l’interdiction des plastiques à usage unique dans ce scénario.

Le recyclage chimique toucherait tous les secteurs d’activité dans des proportions variables mais conséquentes, pris en charge par l’industrie pétrochimique.

 

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(source SYSTEMIQ (2022). ReShaping Plastics: Pathways to a Circular, Climate Neutral Plastics System in Europe)

Un scénario « retrofit » passe par une remise à niveau de l’outil industriel. Un scénario « net zero » pousse tous les leviers au maximum en incluant la capture du CO2 en sortant des vapocrackers et son stockage, en utilisant l’hydrogène pour chauffer les crakers, la réutilisation des sous-produits sous forme de matière première (gaz to plastique), en utilisant l’électricité comme source de chaleur pour les vapo-crackers, en utilisant la biomasse comme compound/feedstock.

 

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(Source SYSTEMIQ (2022). ReShaping Plastics: Pathways to a Circular, Climate Neutral Plastics System in Europe)

Si on ne fait rien, les émissions de GES resteront à 112Mt, si on applique les différents modes de recyclage, ce volume passe à 41Mt, si on y ajoute le scénario circulaire complet on descend à 33Mt, 25Mt avec le retrofit industriel, -5Mt si on prend le scénario optimal « net zero ». Du moins efficient au plus efficient, l’investissement passe de 200M€ à 210M€ : Il ne s’agit donc pas d’investir beaucoup plus mais mieux. Surtout, le volume de matière plastique fossile baisse de 44Mt à 11Mt via 24Mt pour le seul scénario recyclage.

Seul le scénario net zero permet d’atteindre le Fit for 55 de l’union européenne et de respecter les accords de Paris. Pour une demande estimée à 48,2Mt à terme, les déchets recyclés devraient permettre de produire 17,3Mt soit un peu moins de la moitié du marché adressé. 2Mt proviendrait de la capture du carbone réutilisé en production.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

 

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Le communiqué de PlasticsEurope à propos de cette étude de Systemiq :

PARIS (MPE-Média) - Plastics Europe est favorable à « un changement accéléré de système, tel qu’identifié par un nouveau rapport, pour atteindre la circularité et la neutralité carbone ». Verbatim du communiqué de presse de PlasticsEurope.

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Le rapport appelle à l’élaboration d’un nouveau cadre réglementaire favorable aux investissements Net Zéro et à l’innovation (Source SYSTEMIQ (2022). ReShaping Plastics: Pathways to a Circular, Climate Neutral Plastics System in Europe)

Plastics Europe, qui représente les producteurs de matières plastiques en Europe, accueille favorablement la parution d’un nouveau rapport indépendant et exhaustif : « Repenser les plastiques : scénarios pour une économie européenne des plastiques circulaire et neutre en carbone » (1).

L’association basée à Bruxelles adhère aux principales conclusions du rapport selon lesquelles un changement accéléré de système et une collaboration plus étroite et effective entre toutes les composantes de l’écosystème européen des plastiques et les décideurs politiques sont indispensables. Elle reconnaît également que la circularité est le plus important levier à moyen terme d’une transition complète de l’industrie.

Pour approfondir et mettre en œuvre les conclusions de l’étude, et ainsi accélérer davantage la transition, Plastics Europe propose un ensemble de mesures, dont un nouveau cadre réglementaire qui, par l’émulation créative de la concurrence, stimule mieux l’investissement et l'innovation, ainsi que recommandé par le rapport.

Le rapport « Repenser les plastiques » publié aujourd’hui, a été produit par SYSTEMIQ, sous la supervision d’un Comité de pilotage indépendant et d’un Panel d’experts regroupant des représentants des institutions européennes, d’ONG, du monde universitaire et de l’industrie. Les producteurs européens de matières plastiques ont commandité cette étude afin de les aider à répondre plus efficacement à la crise climatique et au défi des déchets plastique. Son objet était d’évaluer, de manière critique, les progrès actuels ainsi que le potentiel de différents leviers propres à contribuer aux objectifs de l’UE en matière de circularité et de neutralité carbone d’ici à 2050.

Le rapport explore une série de scénarios élaborés à partir de données marché disponibles dans le domaine public et relatives à l’innovation, aux engagements volontaires et aux politiques en cours ou en préparation. Il établit par ailleurs des projections sur la contribution à long terme de ces différents éléments, technologies émergentes comprises.

 

« Nécessité d’actionner tous les leviers »

Le rapport confirme que la circularité est le principal vecteur, à court et moyen termes, de la réduction des émissions de l’écosystème. Il souligne, de plus, la nécessité d’actionner tous les leviers amont et aval, dont les recyclages mécanique et chimique, le recours à des matières premières alternatives telle la biomasse, ainsi que l’écoconception des produits en vue du recyclage et du réemploi. De même, l’accès en quantité suffisante à une énergie bas-carbone et renouvelable, est-il indispensable pour réduire les déchets plastique et limiter significativement les émissions de Gaz à effet de serre (GES).

Il précise aussi qu’une mutation accélérée du système demande, de la part des acteurs privés et publics, des investissements significatifs à court et long termes et suppose des innovations technologiques, de nouvelles infrastructures et de nouveaux business modèles. D’autre part, les auteurs confirment que la substitution des plastiques par d’autres matériaux n’est qu’un levier mineur pour atteindre des émissions Net Zéro.

 

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(Ph SD Source PlasticsEurope)

« L’industrie des plastiques a un rôle important à jouer dans la réduction des émissions et des déchets et l’augmentation de la circularité. Il est grand temps de remplacer les matières premières fossiles par des matériaux circulaires à l’empreinte carbone significativement moindre. Ce nouveau rapport présente un éventail d’options et de scénarios pour y arriver et nous allons les examiner avec soin. Bien sûr, nous n’avons encore toutes les réponses aux défis qui nous attendent. C’est pourquoi nous faisons nôtre l’appel du rapport pour une collaboration plus étroite et efficace avec notre chaine de valeur et les décideurs politiques », a déclaré Markus Steilemann, Président de Plastics Europe, à l’occasion du lancement de l’étude.

« Il est encourageant de voir que le rapport souligne la contribution cruciale des plastiques à l’atteinte des objectifs plus larges de l’Union en matière d’émissions Net zéro. Ils permettent d’éviter des émissions dans d’autres secteurs, comme le bâtiment, l’automobile, l’emballage et le médical et sont indispensables au développement des énergies renouvelables », a ajouté M. Steilemann.

Les producteurs de matières plastiques ne se font aucune illusion quant à l’échelle et à la complexité de la transition. Ils investissent et innovent depuis longtemps pour faire face aux différents enjeux qui traversent l’ensemble de l’écosystème des plastiques. Ils travaillent déjà avec leurs partenaires de la chaine de valeur à insuffler un nouvel état d’esprit et de nouvelles manières de penser et de faire, de même qu’à développer des produits plus performants, des innovations écoconçues et de nouvelles infrastructures.

Ils réalisent des progrès majeurs en matière de durabilité de leurs activités que ce soit en investissant dans des technologies de recyclage avancées et dans les énergies renouvelables, ou en recourant à des matières premières biosourcées ou à d’autres sources potentielles de carbone, comme la capture de CO2. Cette transition s’est accélérée ces dernières années, même si la réalité industrielle fait qu’il faudra encore attendre plusieurs années avant de pouvoir constater les résultats de ces investissements.

Réorganisation de la production

« Nos membres investissent massivement et engagent une réorganisation profonde de leur production et de leur base technologique. Pour accélérer encore la mutation de l’industrie, nous avons besoin d’un nouveau cadre réglementaire qui, par l’émulation créative de la concurrence, stimule mieux l’investissement et l'innovation. Nous devons nous appuyer sur la puissance du marché unique européen et trouver les mesures et mécanismes propres à préserver la compétitivité de l’industrie européenne dans le monde tandis que l’Union effectuera sa transition vers le net zéro », a expliqué Virginia Janssens, Directrice Générale de Plastics Europe.

Pour réussir, ce nouveau cadre incitatif devra garantir un approvisionnement en matières premières de qualité, ainsi qu’un accès, en quantité suffisante et à un coût abordable, à une énergie bas- carbone et largement renouvelable. Cela demande un contexte réglementaire qui soit stable, tourné vers le long terme, cohérent entre les Etats Membres et qui réponde aux besoins de l’industrie de pouvoir innover dans un monde qui évolue rapidement.

Pour Jean-Yves Daclin, Directeur Général de Plastics Europe en France, « SystemIQ nous apprend que l’on pourrait atteindre 91% de circularité des emballages plastique en 2050. Cette perspective est très prometteuse. Elle montre que l’on peut concilier croissance du marché des emballages plastique, 3R (réduction, réemploi et recyclage) et décarbonation, sans aller jusqu’à l’objectif français de fin de la mise sur le marché des emballages plastique à usage unique. »

 

 

Les propositions de PlasticsEurope suite à cette étude

 

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(Source SYSTEMIQ (2022). ReShaping Plastics: Pathways to a Circular, Climate Neutral Plastics System in Europe)

 

Plastics Europe propose un ensemble de mesures pour la mise en œuvre des recommandations du rapport et l’accélération de la transition de l’industrie vers la pleine circularité et la neutralité carbone. Il inclut :

 

  1. L’établissement d’une feuille de route pour Plastics Europe et ses membres afin d’accélérer la transition vers 2050. Elle comprendra des points d’étapes / objectifs intermédiaires, de même que des recommandations pour des politiques plus ambitieuses et le développement de mécanismes destinés à soutenir et encourager l’industrie. Ces objectifs et les progrès réalisés feront l’objet d’un suivi.
  2. L’assurance que toutes les positions de Plastics Europe iront dans le sens de l’accélération de la transition de l’écosystème des plastiques vers une circularité accrue et des émissions net zéro en 2050 – ce qui inclut la nécessité d’activer les leviers amont et aval de circularité et de réduction des GES.
  3. La possibilité de créer, en 2022, une plateforme de travail multi parties prenantes sur le modèle du « Comité pour la transition des plastiques » proposé par le rapport. Cette plateforme garantirait le dialogue et la collaboration avec les décideurs publics et la chaine de valeur des plastiques et permettrait de gagner définitivement en profondeur et en efficacité.

Plastics Europe s’engage à collaborer avec toutes les parties prenantes concernées afin de relever le défi que représente la mutation systémique accélérée préconisée par le rapport.

 

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1 - “ReShaping Plastics - Pathways to a Circular, Climate Neutral Plastics System in Europe”

 

À PROPOS DE PLASTICSEUROPE - Plastics Europe est l'association paneuropéenne des fabricants de matières plastiques et possède des bureaux dans toute l'Europe. Depuis plus de 100 ans, la science et l'innovation constituent l'ADN de notre secteur. Avec près de 100 membres produisant plus de 90% de tous les polymères en Europe, nous sommes le catalyseur de l'industrie. Notre responsabilité est de dialoguer ouvertement avec les acteurs concernés et de proposer des solutions sûres, circulaires et durables. Nous nous engageons à mettre en œuvre des changements positifs durables.

Voir aussi via https://plasticseurope.org

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