PARIS (MPE-Média) - La Fédération des industries mécaniques (FIM) alerte sur une situation jugée critique de l’industrie, liée « à une hausse des prix de l’acier et à un allongement des délais de livraison sans précédent ». Détails.

Déjà durement éprouvés par la crise sanitaire, les industriels mécaniciens subissent aujourd’hui des hausses de prix et des allongements de délai d’approvisionnement -voire de pénuries dans certains cas- qui mettent en danger leur activité, explique la porte-parole de la FIM dans un comuniqué de presse.

Un industriel de la mécanique adhérent de l FIM témoigne sur cette situation critique : « Nous nous approvisionnons directement auprès des sidérurgistes ou auprès de distributeurs intermédiaires. Nous constatons des pénuries de matières depuis le début de l’automne dernier. Ces pénuries se sont intensifiées au cours des mois suivants et nous ne sommes pas certains d’avoir atteint le paroxysme de la situation à ce jour. Les délais moyens actuels d’approvisionnement sont compris entre 4 et 6 mois dans les aciéries et il est devenu très rare de trouver des délais plus courts auprès des intermédiaires qui n’ont plus de stock. Concernant les prix, la pénurie a permis aux sidérurgistes d’opérer des hausses de prix très importantes », explique cette source.

 

Début 2021, la situation relative aux conditions d’approvisionnement des produits métallurgiques est selon la FIM la suivante :

· Pour les produits issus essentiellement de la filière fonte, donc tout ce qui est produits plats et notamment les tôles ou bobines galvanisées, la situation est très tendue : les délais usines sont de trois mois minimums et les importations se font rares de la part des pays tiers.

· Pour les produits issus de la filière électrique et dépendant en partie de la valorisation des ferrailles, la hausse spectaculaire des prix de ces dernières a démarré en décembre 2020 et se poursuit de façon très prononcée sur janvier et février. D’où un impact sensible sur les prix des produits type fil machine, profilés, laminés…

· Pour les aciers inoxydables, les délais d’approvisionnement se sont allongés et les prix des intrants sont clairement à la hausse (nickel, ferraille).

 

Acier et non ferreux concernés par ces hausses

Des hausses importantes de prix sont constatées par la FIM sur trois mois (septembre à décembre 2020) pour certains métaux ou semis-produits : tôle à chaud en bobine (+ 17,8%), barre ronde acier allié (+ 11,2%), rond à béton (+ 12,8%). L’indice FIM Mécastar note, de son côté, des hausses de l’ordre de 10 à 40% sur la période septembre-décembre 2020, pour différentes matières premières (aluminium, bronze en lingot, fil de cuivre, laiton en lingot notamment).

La production d’acier en France devrait enregistrer en première approche une chute de 20% par rapport à 2019, poursuit la FIM. Les industriels mécaniciens se disent « au bord de la fermeture en raison des délais voire d’une rupture d’approvisionnement pour certains. Plus grave que la hausse des prix des matières, cette question des délais met en effet certains d’entre eux dans l’incapacité de livrer leurs clients. Le risque de perdre des clients, faute de pouvoir produire est de plus en plus fort », observe la porte-parole de la FIM : « A terme, ce sont des fermetures d’usines qu’il faudra déplorer avec les conséquences sociales qu’elles entraînent. »

 

Forte volatilité des prix d’un jour à l’autre

« Pour 2 matières (acier et acier inoxydable), les délais se sont rallongés très rapidement depuis la fin de l’année 2020 avec un recul des livraisons de 10 à 17 semaines par rapport à un délai normal. Il est à noter également que nous n’avons pas, chez un aciériste européen, de réponse à nos demandes de prix et nous avons chez les autres des prix valables qu’une seule journée », fait remonter un industriel de la mécanique.

 

Les industriels de la mécanique se voient contraints de répercuter les hausses de prix sur leurs clients, y compris les consommateurs finaux de pièces : « Les PME mécaniciennes, dont les marges ont déjà été très impactées par la crise sanitaire, ne pourront donc pas absorber ce choc de prix sur leurs approvisionnements. Ils seront contraints de répercuter les hausses de prix des matières auprès de leurs clients industriels et consommateurs. Sans cette alternative parfois encadrée dans des contrats commerciaux assez rigides avec des grands industriels, des risques de défaillance d’entreprises sont également à prévoir », prévient la FIM, qui souligne son engagement aux côtés du gouvernement dans le cadre des mesures prises au travers du Plan de relance, mais explique craindre que la situation actuelle ne vienne anéantir tous les efforts financiers consentis. La Fédération souhaite « attirer l’attention des pouvoirs publics sur la responsabilité des secteurs fournisseurs de matières premières afin que tous soient bien conscients des enjeux économiques. Elle appelle de ses vœux la recherche de solutions rapides pour débloquer la situation. » Plusieurs syndicats proches de la FIM partagent ce constat.

La Rédaction

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