PARIS (MPE-Média) - Même avec plus de 341.000 tonnes de Déchets d'Equipements Electriques et Electroniques collectés l'an dernier, l'éco-organisme Eco-Systèmes estime très substantiels les progrès à faire en France pour optimiser le recyclage des DEEE jusqu'à 10 kilos/an/habitant, en lien avec la filière, avec FEDEREC et un nombre croissant de sites de traitement de ces déchets, qu'ils soient privés ou dépendants de collectivités locales et de sociétés d'économie mixte. Explications.

 Eo-Systèmes (entreprise à but non lucratif créée par une trentaine de producteurs et distributeurs d'appareils électriques et électroniques) faisait le point ce mardi 11 mars à Paris sur l'état de la progression du recyclage des DEEE en France, qui se situe à près de 75% des objectifs fixés en 2013, l'éco-organisme faisant en permanence le lien entre les producteurs de ces appareils et les sociétés en charge de leur collecte et de leur retraitement dans un nombre croissant de sites régionaux et locaux : plus de 341.000 tonnes de DEEE ont été collectés l'an dernier en France, soit une hausse de 2,1% comparé au volume collecté en 2012 par les mêmes acteurs.

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La conférence de presse parisienne animée par les responsables d'Eco-Systèmes (ph MP-Média) 

Eco-Systèmes (ES) et ses cadres jugent ce résultat 2013 encourageant, "la hausse du flux par exemple montre que les consommateurs sont aujourd'hui mieux mobilisés, plus sensibles aux actions d'information et aux solutions de proximité que nous mettons en place", précise Christian Brabant, le Directeur général d'ES.

Après une période de stagnation au S1 2013, les derniers mois de l'année ont permis d'atteindre une progression de 5% des collectes de DEEE au S2, soit un total de 7.000 tonnes supplémentaires comparé au S2 2012. Ce qui équivaut sur l'année à une moyenne de 7 kilos collectés par habitant et par an.

2014 verra débuter un nouveau canal de collecte de DEEE via un cadre protocolaire strict passé avec certains récupérateurs de métaux et opérateurs de broyage et des partenariats avec des professionnels intervenants chez les particuliers, tels que les électriciens, chauffagistes et cuisinistes. Le but d'ES est de repérer, former et contractualiser près de 350 récupérateurs et 54 opérateurs de broyage chez qui ces artisans pourront déposer les DEEE qu'ils collectent lors de leurs interventions.

Les DEEE se collectent sur les trottoirs des grandes villes (une fausse bonne idée, dit Eco-Systèmes), où ils sont pillés pour les deux tiers (2 kilos sur 3 en moyenne), ce qui a conduit les acteurs du recyclage à mettre en place des collectes de proximité récurrentes dans les quartiers des grandes villes pour réduire ces vols et le risque de perte des matières qui transitent ensuite par des filières occultes.

Les déchetsqui ont enregistré la plus forte progression l'an dernier sont les petits appareils, du sèche-cheveux au téléphone en passant par les jouets, les outils ou les imprimantes à +8,5%. Ensuite, le gros électro-ménager froid et hors-froid ont progressé respectivement de 4,2 et 3,3%, précise ES.

Le cas du 11e arrondissement parisien

L'expérience menée en 2013 dans le 11e arrondissement de Paris est éclairant, 1.500 apporteurs ayant oeuvré à la collecte d'un volume croissant de déchets abandonnés sur les trottoirs et recyclés ou réparés ensuite à l'aide d'autres acteurs dont Emmaüs. Les dirigeants opérationnels d'Eco-Systèmes Christian Brabant et Guillaume Duparay estiment qu'il reste encore trop de budgets locaux dédiés non dépensés en France.

Près de 1 kg/DEEE/habitant/an est aussi retrouvé dans les poubelles des particuliers, note Eco-Systèmes, qui explique comment les acteurs de l'économie solidaire tentent d'inciter les français à utiliser les plate-formes de service, les meubles verts Eco-Systèmes installés dans les magasins pour la collecte des DEEE ou de les déposer directement chez des recycleurs.

Consolider ce travail et les leviers de développement

1 kilo de plus par habitant et par an correspond à 65.000 tonnes collectées de plus, notent les dirigeants d'Eco-Systèmes qui ont fait réaliser de nombreux films, affiches, messages de promotion de la collecte des DEEE en 2013.

L'extension de ces modes de collecte à la plupart des grandes villes françaises est annoncée pour 2015, le but étant de faire fonctionner 350 lieux de récupération et atteindre le seuil de 10 kilos de DEEE/habitant/an collectés en 2016, contre 7 kilos en moyenne en 2013.

Alain Grimm-Hecker, Président d'Eco-Systèmes fait remarquer que les objectifs ont changé en volume moyen de collecte et de traitement de ces déchets, que la connaissance du gisement s'améliore mais qu'il faut à présent faire progresser davantage le pourcentage de déchets collectés et recyclés.

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Guillaume Duparay (Eco-systèmes, ph MPE-Média)

"Il nous faut aller à la fois vers la quantité et vers la qualité du recyclage des DEEE et aller vers l'économie circulaire en professionnalisant l'économie sociale et solidaire", explique Alain Grimm-Hecker, qui annonce un projet mené avec Mines-Paris-Tech de participer à la conduite de plusieurs thèses portant sur les métaux stratégiques, les polymères et d'autres matières à extraire de la mine urbaine dans les années à venir.

"Ce travail est complexe au-delà des incertitudes et des aspects techniques", ajoute le Pdt d'Eco-Systèmes, "parce que nous sommes dans un contexte de concurrence, ce qui est assez unique, car les papiers, les plastiques et d'autres matières ont des Eco-systèmes qui ne sont pas en concurrence", conclut-il.

Du côté de la vente en ligne, aussi...

La question du recyclage des équipements électriques et électroniques vendus à distance par des sites spécialisés ou des pure players (spécialistes de la vente en ligne) a aussi été abordée : "ces ventes d'équipements représentent de 15 à 17% des ventes réalisées en France, 50% sont réalisées par des services en ligne adossés à des magasins physiques - retail NDLR - et 50% environ par des spécialistes de la vente en ligne comme rue du commerce ou C discount, qui sont de plus en plus adossés eux aussi à des magasins ou à des centres commerciaux", a expliqué Christian Brabant.

Près de 34% des objets mis en marché sont actuellement recyclés en France, mais il demeure très difficile de persuader les usagers de se séparer des téléphones mobiles, des chargeurs, et. Eco-Systèmes a lancé un programme de recherche sur la relation des usagers avec leurs objets pour mieux comprendre les raisons qui font que les particucliers stockent encore près de 20 kilos d'appareils non utilisés par foyer. Curieusement, ce sont les juniors qui stockent le plus leurs premiers portables, suivis par les seniors et les catégories d'âges intermédiaires.

Les freins identifiés à la hausse de la collecte des téléphones, smartphones et autres DEEE de communication sont essentiellement affectifs : "les jeunes ont du mal à se séparer du portable sur lequel ils ont reçu leur premier SMS d'amour", note avec humour une responsable d'Eco-Systèmes.

Christophe Journet

Voir aussi sur:

www.eco-systemes.fr

LETTRE MPE-MEDIA n° 19 de MAI-JUIN 2013 (enquête Bank of America sur ce sujet, pp. 20 & sq)

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Mis à jour (Mardi, 01 Novembre 2016 15:22)