PARIS (MPE-Média) - "Les scénarios énergétiques : de l'international au local", tel était le thème de la conférence annuelle de l'association des économistes de l'énergie dédiée cette année aux questions posées par la transition en cours chez les acteurs, en présence d'intervenants de l'Agence internationale de l'énergie, de la DGEC et d'ENEDIS. Extraits.

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(Source Association des économistes de l'énergie/AIE)

Exposé en ouverture par le chef économiste de l'Agence internationale de l'énergie Lazlo Varro, le nouvel état des prévisions de l'agence comprend incertitude et volatilité sur les marchés du pétrole, hausse du marché du gaz naturel, tiré par la demande chinoise, un "momentum" pour le solaire tandis que d'autres sources d'énergie ont "besoin d'un coup de pouce", une hausse inédite des émissions de CO2 causées par la production d'énergie en 2018, avec une carte encore très inégale de la demande en énergie encore dominée par les Etats-Unis et l'Europe, alors que les prévisions de l'AIE indique que la Chine sera largement en tête des parts de la demande en 2040, pour u investissement global de plus de 42 trillions de dollars cette année-là. 

De 2017 à 2040, Lazlo Varro explique que le changement dans la demande mondiale d'énergie devrait monter pour les pays développés jusqu'à à peine moins de 1 500 Millions de tonnes équivalent pétrole, composées de renouvelables (plus de 1 000 Mtep) et d'énergie nucléaire (près de 500 Mtep) et pour les pays en développement s'élever à près de 50 Mtep : entretemps, la production mondiale de pétrole devrait diminuer de moitié d'ici à 2025, même si elle continue à augmenter sensiblement en 2018.

Entre 2017 et 2040, 680 millions de personnes en plus

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Le pétrole et le charbon ne baissent pas mais n'augmentent plus en 2040, les ENR restent en flèche hydraulique compris, le nucléaire demeure une ressource clé d'équilibre comme les bioénergies et le gaz naturel encore bien présent (Source AIE/WEO)

L'économiste en chef de l'AIE note ensuite que le tiers de la hausse de la demande en électricité mondiale viendra d'ici 2040 principalement des usages industriels, de la mobilité électrique, avec seulement 3% de la hausse de la demande résultant de l'augmentation de la population mondiale évaluée à près de 680 millions de personnes en plus comparé à ce jour.

La demande en énergie des voitures électriques devrait augmenter substantiellement à partir de 2025, ajoute M. Varro. 

"Mais l'électrification plus développée ne conduit pas nécessairement à une forte réduction des émissions de CO2, évitant toutefois près de 2 millions de décès liés à la pollution de l'air", précise le chef économiste de l'AIE.

Autre paradoxe : le nucléaire devrait baisser en Europe et dans la plupart des pays développés, Etats-Unis inclus mais augmenter fortement en Chine et en inde, tandis que le solaire photovoltaïque se taille la part du lion en capacités installées d'ici à 2040, jusqu'à plus de de 4 000 GW en 2040. 

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Le scénario "nouvelles politiques" énergétiques résumé par l'AIE et le changement de 2017 à 2040 dans les économies développées et celles en développement (Source AIE/WEO 2018)

Les nouvelles donnes énergétiques actuelles ne diminueront pas les émissions de CO2 d'ici à 2040

En 2017, le mix présenté par l'Agence internationale de l'énergie repose encore largement sur les fossiles, seul le nucléaire permet au monde d'espérer en sortir un jour sans risquer des pénuries. Aussi l'AIE note-t-elle qu'elle place ses espoirs dans le développement des systèmes de stockage de l'énergie par des batteries ou avec l'hydrogène. Les nouvelles politiques énergétiques d'aujourd'hui ne freineraient pas le tonnage mondial de CO2 d'ici à 2040, mais l'augmenteraient plutôt d'une bonne dizaine de mégatonnes/an.

Interrogé par nos soins sur la montée des ENR, en particulier sur celle de l'éolien terrestre, Lazlo Varro nous répond en terme de problème d'acceptabilité de l'éolien terrestre en Europe, davantage qu'en Chine ou aux Etats-Unis, où ses promoteurs peuvent installer des fermes éoliennes dans de vastes espaces totalement inhabités ; il note par ailleurs que malgré de réels progrès, le cycle de vie de de l'éolien du berceau à la tombe reste moins bon que celui du solaire, la tendance étant à la réalisation d'éoliennes plus grandes, donc consommant plus d'acier, d'autres matières pour parvenir à les faire tourner lorsque le vent est faible. Toutefois, M. Varro pense que la place de l'éolien dans la production globale d'énergie restera conséquente en complément des autres ressources du mix.

Retenons tout de même que la hausse de la demande globale en énergie nécessitera près de 2 trillions de dollars/an d'investissements dans les différentes sources possibles pour être sûr d'y répondre dans l'ensemble des économies de la planète. 

S'exprimant dans la foulée Nicolas Clausset (MTES/DGEC) est venu confirmer l'objectif français de feuille de route post programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE 2018) de réduction du nucléaire à 50% de la production d'énergie en 2035, assortie d'une hausse des renouvelables et de la géothermie dans la période.

D'autres facteurs intéressants ont été exprimés par Jean-Baptiste Galland (ENEDIS), résumant les tâches accomplis par l'électricien français pour garantir la distribution de l'électricité dans l'hexagone : la part de l'autoconsommation d'énergie a doublé en deux ans. ENEDIS anticipe en permanence le rythme de hausse de la consommation domestique comme professionnelle, adapte les équipements locaux en conséquence des choix politiques (mobilité électrique et chargeurs), prévoit les conséquences de l'intermittence des ENR dans le mix régional et national. 

Christophe Journet

Rédacteur en chef de MPE-Média

À suivre dans notre 52ème lettre ( Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir. )

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www.iea.org/weo

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Mis à jour (Vendredi, 08 Mars 2019 14:11)