PARIS (MPE-Média) – Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des Finances et de la Relance, ont présenté ce 8 septembre à Paris la stratégie hydrogène nationale devant l’ensemble des acteurs et partenaires de la filière. Détails.

Dotée d’une enveloppe significative de 2 milliards d’euros dans le cadre de France Relance, la stratégie française pour le développement de l’hydrogène décarboné présentée ce jour à la Maison de l’Amérique latine par les ministres de l’économie et de l’écologie s’étend au-delà de la période 2020-2022 et fixe une trajectoire qui court jusqu’en 2030 avec au total 7 milliards d’euros de soutien public, ont confirmé les deux ministres en présence du Président Philippe Boucly des membres de l’AFHYPAC et des acteurs concernés, politiques inclus.

« C’est un grand jour pour l’H2 France, avec les annonces de soutien à la hauteur de 7 Mrds d’euros jusqu’en 2030, ça dépasse nos espérances récentes », nous a déclaré le fondateur de McPhy Energy et premieri président de l’AFHYPAC Pascal Mauberger à l’issue de ces réunions.

 

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Barbara Pompili s'adressant à la filière hydrogène (Capture d'écran MPE-Média)

Conciliant « l’économie et l’écologie » d’une façon à la fois concrète et industrielle, ont souligné les deux ministres, cette stratégie hydrogène française arrive après des années d’efforts d’entrepreneurs à l’origine de la filière et de l’AFHYPAC, dont McPhy Energy cité par M. Le Maire, fondé voilà plus de dix ans dans la Drôme par Pascal Mauberger, premier président de l’AFHYPAC avant Philippe Boucly.

 

Un axe prioritaire d’investissement

Prenant la parole après le Pdt de l’AFHYPAC Philippe Boucly, ancien cadre de GRT Gaz, les ministres ont expliqué que cette stratégie pour le développement de l’hydrogène décarboné en France et en partenariat avec l’Allemagne et Bruxelles constitue « un axe prioritaire d’investissement pour la France, compte tenu :

 

  • des enjeux environnementaux : l’hydrogène est pourvoyeur de nombreuses solutions pour décarboner l’industrie et les transports ;
  • des enjeux économiques : l’hydrogène offre l’opportunité de créer une filière et un écosystème industriels créateurs d’emplois ;
  • des enjeux de souveraineté énergétique : pour réduire notre dépendance vis-à-vis des importations d’hydrocarbures ;
  • des enjeux d’indépendance technologique : pour valoriser les atouts dont dispose la France dans la compétition mondiale ;

 

L’Etat doit donc intervenir sur ces développements à forte intensité technologique pour partager les risques liés à l’innovation de rupture.

Dotée d’une enveloppe significative de 2 milliards d’euros dans le cadre du plan de relance, la stratégie pour le développement de l’hydrogène décarboné s’étend au-delà de la période 2020-2022 et fixe une trajectoire qui court jusqu’en 2030 avec au total 7 milliards d’euros de soutien public. »

« L’hydrogène comme énergie de la France (…) Le plan de relance marque le début d’une nouvelle aventure pour le génie français, d’une nouvelle étape (…) : Il s’agit d’un côté de décarbonner les grands secteurs de notre économie, transports, logement, agriculture, industrie, de l’autre côté, construire dès maintenant le futur en faisant monter en puissance les filières d’avenir, et en particulier celles qui nous permettront de casser les derniers verrous vers la neutralité carbone », a déclaré Barbara Pompili, ministre de la transition écologique, annonçant plusieurs appels à projets à venir et un programme européen de recherche sur l’hydrogène.

 

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Bruno Le Maire s'adressant à la filière (Capture d'écran MPE-Média)

M. Le Maire a insisté sur la nécessité de réaliser ce plan en développant une industrie hydrogène vert – non généré à partir de fossiles – dans l’hexagone et avec l’Allemagne, pour créer une sorte d’Airbus de l’hydrogène écologique sans recourir à des moyens achetés en Chine comme ce fut le cas pour le solaire, une erreur qualifiée d’historique par le ministre de l’économie. Ainsi, le ministre de l’économie a-t-il évoqué « la construction d’un Projet Important d’Intérêt Européen Commun (PIIEC/IPCEI) sur l’hydrogène, à l’instar du projet européen sur les batteries. »

« Il s’agit de réussir ensemble, d’accélérer la décarbonation de l’économie française et de devenir un modèle de la transition écologique », a déclaré le ministre de l’économie, des finances et de la relance Bruno Le Maire en parlant à son tour de ce plan hydrogène, rappelant que nous avons été confronté récemment à la crise économique la plus grave depuis 1929. « Mais nous sommes dans la bonne direction, les résultats du 3ème trimestre énoncés par l’INSEE le montrent », continue-t-il.

Pour M. Le Maire, cette stratégie hydrogène française fait partie intégrante du plan France Relance : « sortir plus fort de la crise avec une énergie plus décarbonée » avec « une économie à la hauteur (…) ». Notant que 7 Mrds d’euros, c’est beaucoup d’argent, et c’est l’argent des français, M. Le Maire explique que l’investissement consenti par le gouvernement vise à « être les meilleurs avec l’Allemagne dans le développement de l’hydrogène », attendant des industriels « des retombées en termes d’emplois, et en terme de souveraineté. »

 

Plusieurs grands projets en vue

Ce projet pourra par exemple soutenir la R&D et l’industrialisation d’électrolyseurs pour produire de l’hydrogène décarboné et déployer ces solutions dans l’industrie. Il s’agit notamment de faire émerger en France des projets de « gigafactory » d’électrolyseurs, selon un schéma similaire au plan batterie qui prévoit le développement des usines de Nersac puis de Douvrin par ACC, entreprise commune de PSA et Total/Saft (bientôt rejoints par Renault).

Le soutien aux entreprises de la filière est d’ores et déjà proposé par BPI France, dont le Président participait aux tables rondes suivant ces déclarations en compagnie du Président de l’ADEME et de cadres de la recherche.

Sur le plan de l’accès aux matières premières stratégiques pour cette filière, comme le nickel pour les électrolyseurs ou le cobalt pour les piles à combustible des véhicules, le gouvernement et Bruxelles sont en train de créer une démarche commune à l’échelle européenne permettant une vision plus structurante de ces marchés, nous explique un cadre de Bercy.

L’Union européenne doit tenir une séance dédiée aux matières critiques en novembre prochain à Bruxelles, dans le cadre d’un plan de sécurisation des dites matières sans lesquelles le développement de l’hydrogène serait très limité.

 

Christophe JOURNET

Rédacteur en chef de MPE-Média

BANNIERE_@MPE-MEDIATWIT

 

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Mis à jour (Jeudi, 01 Octobre 2020 17:13)