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MILAN (MPE-Média) – « Les dix ans de la Confédération européenne des industries du recyclage (EuRIC) sont l’occasion de tirer les leçons des challenges que nous posent l’économie vraiment circulaire pour les métaux, les plastiques, les papiers, les autres matières, pour passer d’une économie linéaire à une économie totalement circulaire », a déclaré la présidente italienne d’ASSOFERMET, Vice-Pdte d’EuRIC Cinzia Vezzosi ouvrant à Milan la conférence anniversaire de cette organisation. Détails.
Cinzia Vezzosi, Présidente d’Assofermet, Vce-Pdte d’EuRIC (Ph CJ)
« Nous constatons encore beaucoup d’hésitation dans ces objectifs de sortie de l’ère du déchet, de développement du recyclage, surtout dans cette période où nos marchés sont particulièrement bas, c’est aussi le moment de nous reposer la question de savoir ce qu’est vraiment la circularité des activités, de saisir les opportunités pour répondre à l’ensemble de ces défis », a expliqué Cinzia Vezzosi aux 150 participants venus de toute l’Europe et parfois de beaucoup plus loin.
Présentant les intervenants dont plusieurs cadres de la direction générale du climat de la Commission européenne, le Président d’EuRIC Olivier François a noté le fait que cette division était en charge à Bruxelles de la décarbonation des industries de l’acier et de son recyclage. « Tout le monde comprend à Bruxelles que ces activités liées à l’acier comptent parmi les plus émettrices de CO2 et que le recyclage des ferrailles est l’un des moyens les plus sûrs de réduire les émissions des gaz à effet de serre (GES), dont celles d’ArcelorMittal et des autres grands producteurs, à présent engagés dans la recherche de nouveaux procédés de production plus décarbonés », explique-t-il.
Kurt Vandenberghe, directeur en charge du climat en ligne à Bruxelles (Ph CJ)
« Les priorités exprimées par la Pdte de la Commission Mme Von der Leyen sont claires : nous devons créer les bonnes conditions permettant aux industriels européens de réduire leurs émissions de 90% d’ici à 2040 et de 100% d’ici à 2050 », a déclaré en vidéo Kurt Vandenberghe, directeur en charge du climat à Bruxelles.
« Le dialogue avec vos industries va être essentiels pour nous permettre de parvenir à cet objectif », continue ce cadre européen.
Questions à propos du changement climatique
Venu du Malawi pour s’informer sur les travaux engagés depuis dix ans par EuRIC, un consultant spécialiste du climat nous expliquait ici qu’il devait répondre aux questions que se posent les dirigeants et les entrepreneurs de ce petit état d’Afrique du sud-ouest à propos du changement climatique.
Venu à Milan parler de l’accélération de l’économie circulaire en Europe, Ioannis Bakas, expert de l’Agence européenne de l’environnement relevait ensuite le fait que les industries extractives sont à l’origine d’un important volume d’émissions de GES. Il distingue le comportement linéaire d’une consommation où l’on jette les produits en fin de vie de celui consistant à réutiliser ou à recycler les matières en fin de vie, dans une région du monde fortement importatrice de métaux ou d’autres matériaux. De 2010 à 2020, le volume des déchets européens a augmenté de 42,9 à 46,1% faute d’une réflexion plus poussée sur les moyens de les réduire, de les recycler le plus possible ou de substituer des matières premières issues du recyclage aux matières vierges, précise-t-il.
Pour améliorer les choses, M. Bakas suggère de penser et d’appliquer des stratégies adaptées sur les chaînes de valeur des matières, de travailler sur un recyclage de haute qualité, de développer davantage les politiques incitatives à l’insertion des matières issues du recyclage dans les produits neufs.
Une table ronde consacrée au « rôle de la circularité dans la décarbonation et l’autonomie stratégique de l’Europe » réunissait ensuite Immavera Sardone, cadre de la direction générale de la croissance de la Commission européenne en charge des industries électro-intensives et des matières premières, Susie Burrage, Présidente du Bureau of International Recycling (BIR) Officier du Commonwealth, loannis Bakas, expert cité plus haut, Giovan Battista Landra, directeur du développement durable du groupe Beltrame et Pouyan Dardashti, CEO, du groupe Thommen.
Quelle efficacité des politiques européennes en la matière ?
Interrogeant l’efficacité des politiques européennes dans le développement du recyclage, ces intervenants ont souligné la nécessité d’expérimenter de nouveaux usages (biochar, augmentation de l’emploi de ferrailles, etc.) mais aussi de travailler sur « les meilleures pratiques, les technologies innovantes, sur davantage de transparence » note Immavera Sardone.
Plus de 150 participants venus des 27 et de plus loin (Ph CJ)
Intervenant depuis le public, Emmanuel Katrakis, qui a été secrétaire général d’EuRIC de sa création en 2014 à mars 2024 a noté qu’il manquait encore beaucoup de réflexions approfondies à Bruxelles sur l’impact des industries du recyclage au bénéfice de l’action contre le changement climatique.
« Estimez-vous vraiment que les gouvernements ont réalisé que le passage d’une économie linéaire fondée sur l’acquisition de biens à une économie circulaire davantage basée sur l’usage, le réemploi, la réutilisation risque aussi de leur faire perdre des volumes importants de taxes fiscales », a fait remarquer Arnaud Brunet, directeur général du Bureau international du recyclage venu suivre cette conférence.
« EuRIC a permis de mettre en avant des engagements pour l’environnement, pour la gestion de la fin de vie des matières et des produits en Europe. Si vous regardez la composition de la nouvelle Commission et l’agenda de Mme Von der Leyen pour la suite, vous pouvez constater qu’il y a davantage d’importance donnée à ces sujets par la Commission, notamment à la question des chaînes de valeur, ou à savoir aussi comment décarboner vraiment l’industrie », nous a répondu Immavera Sardone.
Un commerce de plus en plus concentré
Przemyslaw Kowalski (OCDE), Murat Bayram (EMR-EuRIC), Robin Wiener (REMA USA), Cinzia Vezzosi (ASSOFERMET-EuRIC – Ph CJ)
Przemyslaw Kowalski, Économiste senior, chef de l’analyse des données de la direction du commerce et de l’agriculture de l’OCDE, intervenait ensuite à propos de l’avenir du commerce des matières issues du recyclage en Europe et au-delà : « le commerce des matières premières industrielles est de plus en plus concentré, qu’il s’agisse des exportations ou des importations globales. Les impacts globaux des restrictions à l’export de ces matières ont été multipliés par 4 de 2009 à 2022. En particulier ceux concernant les scraps et les déchets (4,5 fois plus) et ceux concernant les minéraux et métaux (plus de 9 fois plus) », explique-t-il. Il note que les pays de l’OCDE dominent le commerce global des ferrailles et scraps de métaux
Yorg Aerts, cadre de l’unité en charge des déchets aux ressources à la DG environnement de l’Union européenne (en ligne), Cinzia Vezzosi, Présidente d’Assofermet, l’association en charge du recyclage des métaux en Italie organisatrice de cette conférence à Milan, Mrs Robin Wiener, Présidente de l’association américaine Recycled Materials Association (ReMA), Murat Bayram, Managing Director chez EMR Europe et Premyslaw Kowalski cité plus haut ont ensuite débattu de ce même sujet : « Comment ne pas voir aussi l’impact de ces restrictions sur les prix pratiqués lors des échanges commerciaux de ces matières issues du recyclage », fait remarquer Murat Bayram.
Interrogé par Cinzia Vezzosi sur les impacts de la règlementation sur les cargaisons de déchets sur ce commerce, Murat Bayram s’est montré très critique tant concernant les limitations en volumes que sur le plan de l’éthique de ces échanges, dont la liberté s’est vue considérablement réduite ces dernières années. « Nous avions une sorte d’accord mondial sur ces échanges jusque dans les années 90 mais les choses ont beaucoup changé depuis et les nouvelles règles applicables au commerce des déchets envisagés comme des ressources doivent encore être rationnalisées et modernisées. L’export des déchets européens en Europe doit être privilégié par rapport à celui destiné aux pays de l’OCDE ou aux autres régions du monde », estime Yorg Aerts en réponse à ces propos.
« En fait nous avons besoin à la fois d’une hausse de la demande pour ces matières issues du recyclage et d’une meilleure approche des gains en émissions permis par le recyclage, dans un contexte où le vieillissement des smelters dans certains pays pose vraiment question sur le plan de la qualité, de l’environnement à cause de leurs émissions », stresse Murat Bayram.
Mais pour la présidente américaine de l’équivalent d’EuRIC Robin Wiener, « nous devrions nous concentrer davantage, communiquer plus sur ce que la qualité des MPiR (matières premières issues du recyclage NDLR) que nous produisons aujourd’hui peut apporter aux industriels acheteurs de ces matières dans la décarbonation de leurs procédés et donc directement pour le climat ».
Christophe JOURNET
Rédacteur en chef de MPE-Média)
À suivre dans la prochaine lettre MPE-Média n° 82 sur demande via Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.
Voir aussi via https://euric.org