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LE TOUQUET (MPE-Média) – Introduisant l’AG annuelle de la Fédération des entreprises du recyclage (FEDEREC) son Président François Excoffier annonçait la signature de deux conventions avec Action Logement et avec France Travail, rendant hommage aux partenaires de FEDEREC venus soutenir l’écosystème du recyclage français. Détails.
François Excoffier, Président de FEDEREC (Ph CJ)
Mais avant d’accueillir l’ancien Président de l’Assemblée nationale Bernard Accoyer, venu parler énergies et décarbonation des activités aux recycleurs présents, François Excoffier a tenu à saluer le professionnalisme de ses adhérents, évoquant ses priorités de président : « Le rassemblement, le recyclage étant le lien qui nous unit tout d’abord ; une filière qui représente plus de 1 200 entreprises et dont l’impact sur la décarbonation est très fort depuis des décennies ; le fil rouge restant toujours « la propriété de la nouvelle matière issue du recyclage, que nous créons, que nous préparons pour l’industrie, pour des emplois non délocalisables ».
« La liberté d’exporter, aussi », continue François Excoffier cherchant ses notes : « Nous ne sommes pas contre les REP, les éco-organismes mais absolument contre les mauvais comportements d’application des filières REP », déclare-t-il évoquant la REP « PMCB » qui aurait dû s’appeler REP BTP, stresse-t-il, avec ses quatre éco-organismes concurrents. Il note au passage l’absence de professionnalisme des représentants des éco-organismes obligeant FEDEREC à faire des procès gagnés d’avance : « La REP PMCB nous avons décidé de ne rien lâcher ». Autre cas, la REP VHU (véhicules hors d’usage) :
« On a mené un combat sans rien lâcher et finalement la clause de propriété de la matière va être enlevée de la REP, y compris à l’échelle européenne. On a fait une réunion avec les patrons des Broyeurs de France à ce sujet ». Plusieurs recours déposés par FEDEREC à propos des conditions de fonctionnement des nouvelles filières de responsabilité élargie des producteurs sont à l’examen, a ensuite rappelé le Directeur général de FEDEREC Manuel Burnand.
« On travaille bien avec l’ADEME »
« On travaille bien avec l’ADEME – l’agence de la transition écologique NDLR - , il faut qu’on soit un peu plus écoutés. Son centre d’études est sérieux », précise le Pdt de FEDEREC, qui pense que sa Fédération doit aussi travailler plus sur la question du réemploi, qu’il préfère à la consigne comme sujet d’avenir. Un sujet qu’il qualifie de « stratégique » et que FEDEREC veut rattacher à la branche du recyclage. Énumérant les autres sujets du moment, notamment les suites de la loi AGEC, il note que FEDEREC a fait partie des « grands oubliés » au moment de sa rédaction et de l’élaboration de l’économie circulaire. « On a fait de la complexité avec les REP » a ensuite déclaré le DG de FEDEREC Manuel Burnand.
Président Délégué de FEDEREC depuis l’an dernier, l’ancien ministre Jean-François Carenco a brièvement pris la parole pour rappeler l’importance de ces métiers à qui il demande d’être plus fiers de ce qu’ils font, qui est « ahurissant » : « Vous représentez l’intérêt général, il faut que vous soyez plus nombreux. » Et a renchéri sur « l’importance du réemploi pour développer dans les territoires ».
FEDEREC compte à ce jour près de 250 formations organisées par son École nationale du recyclage et de la resssource (en2R), a expliqué Serge Ponton, en charge du domaine pour FEDEREC. Dans un large tour d’horizon des filières matière par matière, le DG de FEDEREC a ensuite fait le point sur les « nombreux combats du moment » incluant le recyclage des batteries, des DEEE, des textiles, des métaux non ferreux de la transition, sans oublier le risque incendie et les nouvelles règlementations sur les transferts de déchets à l’international
Énergie(s) et décarbonation avec Bernard Accoyer
Ancien médecin devenu Président de l’Assemblée nationale et Député-Maire d’Annecy, Bernard Accoyer présentait ensuite les raisons pour lesquelles il a créé depuis une association dédiée à la promotion du nucléaire, « PNC » pour Patrimoine nucléaire et climat. « L’énergie vous concerne au plus haut point dans vos métiers. Elle concerne tout le monde, elle est directement liée aux problèmes de notre société depuis la découverte du feu jusqu’aux recherches sur la fusion nucléaire. 80% de l’énergie consommée dans le monde est d’origine fossile, ce qui génère des milliards de tonnes d’émissions de CO2 mais aussi de méthane, qui est fortement provocateur d’effet de serre », résume Bernard Accoyer.
GD : Bernard Accoyer ancien ministre et Jean-François Carenco, Pdt délégué de FEDEREC (Ph CJ)
« L’économie circulaire de l’énergie est le quotidien d’un certain nombre d’entre vous », a rappelé l’orateur, fustigeant les décisions politiques d’arrêt des programmes nucléaires ASTRID, pourtant destiné au recyclage des déchets nucléaires et bien avant, celui de SUPER-PHÉNIX : « En trente ans, la France avait construit 58 réacteurs nucléaires permettant de produire plus de 70% de son énergie, contre près de 30% pour les autres pays d’Europe », poursuit Bernard Accoyer. Pointant les lourdeurs de la « gestion de l’intermittence des énergies renouvelables », il rappelle comment l’ouverture de l’électricité au marché européen était sans doute une erreur, impliquant des variations de prix générant de l’imprévisibilité et des prix excessifs voire négatifs, l’énergie n’étant pas stockable.
Construire de nouveaux réacteurs nucléaires
Rappelant la situation vécue par les Allemands devenus dépendant du gaz russe après leur sortie du nucléaire, Bernard Accoyer a aussi souligné la contradiction dans le fait de devoir importer du gaz naturel liquéfié issu du gaz de schiste américain alors que la France s’était opposée à son exploitation dans les territoires. D’où l’importance selon lui de la construction de nouveaux réacteurs EPR de type 2 d’une durée de vie d’environ 60 ans. Et de réacteurs de nouvelle génération pouvant utiliser les déchets stockés en France durant … des milliers d’années.
« Le retour de la réalité s’impose toujours : le prix de l’énergie est considérable. Il faut travailler sur des données scientifiques, or on n’en est pas là. Notre association PNC demande à l’État de faire les études nécessaires pour sortir de ce risque, programmer la construction inévitable de centrales à gaz intermédiaires avant la mise en service du nouveau nucléaire », déclare l’ancien locataire de l’Hôtel de Lassay. Sans omettre de conseiller à tous sobriété et autoproduction et autoconsommation de son énergie, laquelle se prête bien au solaire.
« Mon combat c’est que l’Europe et la France retrouvent un jour une énergie propre que nous avons été les premiers à décarboner ». Un débat suivait avec Jean-François Carenco, Pdt délégué de FEDEREC et ex Président de la Commission de régulation de l’énergie de 2017 à 2022, estimant qu’il faut dégager « un consensus plus fort sur ce sujet ».
Évoquant aussi l’hydrogène vert qu’il voit exploitable surtout pour les trains, cantonné à certains domaines, Bernard Accoyer parle « d’habiller l’intermittence ». En réponse à une question de J.-François Carenco sur la fiscalité de l’énergie, il estime qu’il faut détaxer au maximum d’achat d’énergie par les entreprises : « Il y a besoin d’un travail très sérieux pour la prochaine programmation pluriannuelle de l’énergie ».
Christophe JOURNET
Rédacteur en chef de MPE-Média
Voir aussi via https://federec.com